La télémédecine, pour le pédiatre aussi

Le développement des technologies de l’information et de la communication en médecine a conduit l’American Academy of Pediatrics [AAP] à prononcer son premier avis sur la télémédecine [TM] en pédiatrie, dans une publication avancée en ligne du 16 juin 2015 (1). Abstraction faite des spécificités du système de santé des USA, on trouve dans cet avis plusieurs notions importantes.

La TM est définie comme « l’échange d’information entre deux sites au moyen de communications électroniques dans le but d’améliorer la santé d’un patient ».

La TM peut pallier au manque de pédiatres et de spécialistes de l’enfant, et améliorer l’accès aux soins de certains groupes d’enfants et la qualité des soins qui leur sont délivrés.

Pour cela, elle doit s’intégrer dans une prise en charge globale de l’enfant, sous la responsabilité du médecin traitant. L’AAP prône le modèle de « la maison médicale pour enfants » et met en garde contre l’approche fragmentaire et virtuelle des services de consultation en ligne.

Les activités cliniques de TM gérées par le médecin traitant comprennent la téléconsultation et la télé-expertise (discussion de cas, réunion de concertation pluridisciplinaire), le télé-monitorage, et la télé-éducation de l’enfant et de sa famille.

Des bénéfices pour deux grandes catégories d’enfants

Deux grandes catégories d’enfants tirent bénéfice de la TM :

- ceux qui vivent dans des zones médicalement mal desservies, dont l’accès aux soins est facilité,
- ceux qui ont besoin de soins spécialisés, pour lesquels des avis de spécialistes peuvent être obtenus via Internet.

Grâce à la TM, les enfants n’ont plus besoin de s’absenter de l’école, et leurs parents plus besoin de s’absenter de leur travail pour les accompagner.

Le médecin traitant voit son rôle renforcé. Il assure la coordination des consultations à distance et la continuité des soins. En même temps il augmente ses compétences, ce qui réduit les consultations de spécialistes médicaux et chirurgiens pédiatriques « en personne ». Il peut aussi faire de l’éducation thérapeutique via Internet

Au total, la qualité des soins et leur efficience sont améliorées.

Et ceci à moindre prix. En effet, la TM permet de diminuer les coûts directs (consultations, examens complémentaires…) et les coûts indirects (transports…) de la santé.

Quelques obstacles au développement de la TM

Cependant, plusieurs problèmes restent en suspens pour les médecins pratiquant la TM :

- la rémunération des actes de TM,
- l’extension de l’assurance professionnelle à la TM,
- et, aux USA, l’autorisation d’exercer dans tous les Etats pour les spécialistes dont l’avis est sollicité.

A côté de son utilisation en clinique, la TM peut aussi contribuer à la formation professionnelle. Elle commence à être enseignée dans les études de médecine. Son évaluation devrait faire l’objet d’études rigoureuses (problèmes des contrôles).

L’avis de l’AAP se clôt sur dix recommandations générales. Indépendamment de cet avis, un article mis en ligne le même jour passe en revue des applications de la TM en pédiatrie (2).

Dr Jean-Marc Retbi

Références
1. Marcin JP et coll. : The use of telemedicine to address access and physician workforce shortage. Pediatrics 2015; 136: 202-209. DOI: 10.1542/peds.2015-1253
2. Burke BL et coll. : Telemedicine: pediatric applications. Pediatrics 2015; publication en ligne le 29 juin 2015. DOI: 10.1542/peds.2015-1517

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