Rapport Grall sur la réforme des urgences : la CSMF dénonce l’exclusion des médecins libéraux et de l’hospitalisation privée

Jean-Yves Grall

Paris, le mardi 28 juillet 2015 - Le docteur Jean-Yves Grall, directeur de l’Agence régionale de Santé (ARS) du Nord Pas de Calais a remis la semaine dernière au ministre de la santé un rapport sur « l’organisation territoriale des urgences ». Le principal constat de ce travail est semblable aux conclusions établies ces dernières années : alors que le nombre "d’urgences vraies"  n’a guère augmenté, la fréquentation des services d’urgences n’a cessé de progresser ces deux dernières décennies, confirmant la nécessité d’une "réorganisation" et d’une meilleure distinction entre "soins non programmés"  et "urgences réelles". Pour ce faire, Jean-Yves Grall suggère de « formaliser sous l’égide des ARS, un réseau territorial de prise en charge des urgences » et de « créer des équipes d’urgentistes de territoire sur la base des futurs Groupements hospitaliers de territoire (GHT) ». Au sein de ces "réseaux", la médecine libérale et privée aurait bien sûr un rôle à jouer. Le rapport Grall ne les ignore pas. Il préconise ainsi par exemple que la régulation médicale englobe plus largement les médecins généralistes. Il propose par ailleurs « d’élargir les périodes d’ouverture de maisons médicales proches des services d’urgence » ou encore « d’inciter les médecins libéraux à recevoir de façon imprévue pendant les horaires de consultation en créant une lettre clé spécifique ». Néanmoins, la gestion des "réseaux" semble devoir être réservée aux hôpitaux publics et aux ARS.

L’ère de la loi de santé déjà ouverte

Toujours prompte à dénoncer l’hospitalo-centrisme, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) s’affirme profondément heurtée par l’esprit général du rapport Grall, tout en se gardant d’évoquer le détail de ses préconisations. Ainsi, dans un communiqué sévère, la confédération dénonce la mainmise de l’organisation des urgences par les GHT, souhaitée par le rapport. Elle considère en effet que les GHT sont des « machines infernales à broyer la médecine libérale ».  Le syndicat déplore ainsi l’exclusion totale des cliniques privées de ces GHT. « La CSMF s’insurge contre la négation des services d’urgences des cliniques privées et l’exclusion des médecins libéraux, non seulement urgentistes, mais aussi de tous les spécialistes impliqués, en particulier les chirurgiens, anesthésistes et obstétriciens. Ces médecins libéraux, pourtant sollicités au quotidien, vont-ils perdre leur rémunération de la permanence des soins ? » s’interroge encore le syndicat, qui voit dans le rapport Grall une première illustration des dangers de la nouvelle organisation des soins telle qu’elle apparaît dessinée par le projet de loi de santé.

Léa Crébat

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Vos réactions (4)

  • Cris effarouchés

    Le 28 juillet 2015

    Pourquoi la CSMF pousse t-elle aujourd'hui ces petits cris effarouchés contre les méfaits de la Loi, alors qu'elle a posé la première pierre de la Loi Santé en signant l'Avenant 8 ?

    Dr Patrick Carlioz
    Chirurgien Pédiatre Libéral Exclusif
    Membre de l'Académie Nationale de Chirurgie
    Auteur du livre "Du syndicalisme à la convention, l'histoire d'un long fleuve pas si tranquille" (672 pages)

  • Sous la coupe des "décideurs"

    Le 28 juillet 2015

    Comme d'habitude le rôle important joué par les libéraux et les organismes privés est occulté ou minimisé...
    Cela est bien un des aspects des tares de notre système de santé. Celui ci rentre de plus en plus, au fil des années sous la coupe de "décideurs"...qui, au mépris de la réalité, lui font perdre de l'efficacité...
    "On aura la médecine que l'on mérite".

    Dr Roland Plumeau

  • Un statut auréolé de bienfaiteur de l'humanité et des horaires de fonctionnaire

    Le 29 juillet 2015

    Je ne comprends pas bien ce que veulent les médecins généralistes installés en ville.
    Je suis psychiatre hospitalier retraité.
    Ce que je constatais quand j'exerçais, c'est que mes malades avaient bien du mal à trouver un généraliste qui accepte de nouveaux clients et qu'il n'y avait plus de médecin de garde en ville.
    Je comprends bien qu'on n'en est plus à l'époque où le médecin de famille répondait 7 jours sur 7 et 24 H sur 24 mais qu'attendent les médecins libéraux pour organiser un service de garde à proximité des urgences hospitalières? Cela déchargerait les urgences. Ils auraient éventuellement la possibilité d'examens paracliniques à proximité en cas de besoin.
    Moi, quand j'étais psychiatre hospitalier chef de service, je prenais des gardes sur place, semaine et week end et elles étaient très chargées.
    On ne peut pas revendiquer un statut auréolé de bienfaiteur de l'humanité et des horaires de fonctionnaire.
    Si les médecins de ville n'arrivent pas à s'organiser, qu'on les organise ne me semble pas incongru.

    Dr Joël Delannoy
    La démocratie est l'art de se discipliner pour ne pas être discipliné par les autres.

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