« Défiance » envers les vaccins : Marisol Touraine annonce un débat national

Paris, le lundi 3 août 2015 - Marisol Touraine a proposé au cours d’un entretien avec le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France, la tenue d’un débat national sur la politique de vaccination visant à enrayer la méfiance grandissante du public. Dans les colonnes du journal elle a reconnu que « le doute est beaucoup plus élevé en France que dans la plupart des pays européens (…)  On l'a mesuré ce printemps encore, face à l'épidémie de rougeole qui s'est déclarée dans quatre écoles en Alsace ». Elle aurait aussi pu évoquer le cas de cet enfant, infecté par le tétanos, hospitalisé à Tours depuis plusieurs semaines.

Le tournant de la grippe H1N1

La ministre avance que la circonspection actuelle vis à vis de l’immunisation a augmenté en raison de la campagne 2009 contre la grippe-A (H1N1) « qui a incontestablement marqué un tournant ».

Ces craintes prennent « également corps au sein d'une interrogation plus générale vis-à-vis des médicaments », souligne-t-elle,

Débattre, oui, mais avec qui et pourquoi ?

On se rappelle de la polémique qu’avait provoquée la pétition emmenée par le Professeur Joyeux au printemps dernier contre les penta et hexavalents.

Marisol Touraine avait alors, plutôt que d’avancer des arguments scientifiques, directement attaqué la personne d’Henri Joyeux : « La campagne est menée par un médecin qui s'est déclaré contre la pilule, contre l'avortement, qui a pris des positions rétrogrades sur toute une série de sujets », avait-elle ainsi indiqué. Un angle d’attaque qui n’avait pas manqué d’être raillé par l’intéressé qui, dans une lettre ouverte, faisait remarquer : « Manquez-vous donc tant d'arguments que vous vous soyez sentie obligé d'attaquer des convictions scientifiques sur des sujets totalement différents des vaccins, la pilule et l'avortement  ». Dans la même missive, il réclamait également l’organisation d’un face à face télévisé…qui n’a bien entendu pas eu lieu.

Avec qui débattre ? Et que pourrait-on en attendre ? Une remise à plat de la politique vaccinale actuelle, notamment en ce qui concerne le caractère obligatoire de certains vaccins (dont la liste n’a pas été revue depuis 1964), est-elle envisageable ?

Ce débat, dont la forme reste à déterminer, et pour lequel il est promis une « complète transparence »,  sera lancé après la publication, à l'automne, d'un rapport d’une mission visant à « réconcilier les français avec la vaccination » du député PS de la Seine-Maritime, Sandrine Hurel.

Frédéric Haroche

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Vos réactions (2)

  • Expliquer la notion de rapport "bénéfice-risque"

    Le 06 août 2015

    En effet, il sera édifiant de voir qui va débattre et de quoi, afin de ne pas amplifier les craintes (justifiées ou non) du grand public. Il semble indispensable de revoir la notion de vaccin "obligatoire" ou non car ce terme sème la confusion dans les esprits. Les parents se posent en gènèral peu de questions sur les vaccins obligatoires, mais lorsqu'on parle de vaccins recommandés il faut leur expliquer la notion de rapport "bénéfice-risque", en essayant de rester le plus honnête possible, ce qui peut être long et pas toujours bien compris si on ne se contente pas de leur donner un simple jugement sans fondement scientifiques.

    Dr Idziejczak

  • Travail , rigueur ...et patience

    Le 09 août 2015

    Complètement en accord avec le Dr Idziejczak, au point de complète confusion que l'on a atteint. Amalgames et polémiques, façons non méthodiques d'aborder les questions font perdre à tous un temps précieux. Une soi-disant politique vaccinale qui n'a pas évolué depuis 1964 jette le doute sur tous les acteurs de la santé à l'évidence, la confiance est rompue. A remarquer qu'on a les mêmes problèmes partout pour les mêmes raisons, école, emploi, probité des politiques, sécurité et je passe toutes les suites, oui, la confiance est perdue à juste titre, nos systèmes sont très malades. Restaurer une confiance sera un travail ardu et de long terme avec bien des douleurs en cours de route, mais elle est encore une valeur à laquelle nombre d'entre nous croyons encore.

    Marie-France Hugot

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