
Au cours de la période d’essai qui nous est rapportée (du 1er avril 2015 au 20 juillet 2015), une centaine de cas d’infections par le virus Ebola ont été signalés et un peu plus de 4 000 personnes ont été vaccinées par une dose unique de vaccin immédiatement après le contact avec un proche infecté, tandis que 3 500 personnes environ devaient attendre le 21ème jour pour être vaccinées. Le vaccin était considéré comme efficace si aucune infection à Ebola ne survenait 10 jours après son administration. Et, ce fut en effet le cas dans le groupe des proches vaccinés immédiatement après le contact : aucun cas d’infection ne s’est déclaré. En revanche, 16 personnes du groupe « vaccin différé » ont déclaré la maladie. Notons que dans les deux groupes, aucun cas d’infection à Ebola ne s’est déclaré dans les 6 jours suivant la vaccination et qu’un seul effet secondaire sévère a pu être mis en lien avec le vaccin (un épisode fébrile résolu sans séquelle).
Le vaccin apparait donc dans cette étude efficace à 100 %. Des inconnues demeurent toutefois, et notamment le délai nécessaire pour l’acquisition de l’immunité. Les auteurs estiment qu’il est très court, la virémie transitoire constatée chez une grande partie des volontaires après le vaccin n’est en effet plus détectable chez la majorité d’entre eux 8 jours après. Une autre inconnue est la durée pendant laquelle l’immunité persiste, ce qui ne pourra évidemment être précisé qu’après un suivi prolongé. Il est aussi trop tôt pour savoir si le vaccin, efficace à l’échelon individuel, peut conférer une « immunité collective ». L’essai continue, mais avec moins d’inclusions puisque le nombre de cas d’infection à Ebola a diminué au cours des dernières semaines, et sans randomisation, puisqu’au vu de ces premiers résultats, il a été décidé que tous les sujets contact bénéficieraient de la vaccination immédiate.
D’autres travaux sont en cours pour attester de l’efficacité du vaccin, notamment des études de phase 1 en Europe, Afrique et Amérique du Nord, une vaste étude de phase 2 au Libéria et une étude de phase 3 en Sierra Leone.
Il est certain que l’éventualité d’une vaccination efficace modifierait totalement la gestion d’une épidémie qui, depuis décembre 2013, a fait plus de 11 000 morts, dont la presque totalité en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, qui a dévasté les systèmes de santé locaux et donné matière à des interrogations sur la capacité de l’OMS à répondre aux urgences sanitaires.
Dr Roseline Péluchon