
Il existe une association statistiquement significative entre l’existence d’une endométriose et le risque de développer un lupus érythémateux disséminé (LED) ou une polyarthrite rhumatoïde (PR). Telle est la conclusion de cette étude prospective américaine récente.
L’endométriose est définie par la présence de tissu endométrial
à l’extérieur de la cavité utérine. Il est vraisemblable qu’un
dysfonctionnement immunologique intervienne dans sa
physiopathologie en plus des troubles hormonaux.
Les maladies systémiques telles que la PR ou le lupus sont
d’origine immunologique et affectent principalement des femmes (90
% de femmes parmi les cas de LED). En outre, des facteurs hormonaux
ont été associés au risque de LED ou de PR.
C’est pourquoi il était intéressant d’évaluer une éventuelle
association entre endométriose et maladies systémiques.
Cette étude a été menée à partir de la cohorte prospective NHS
II débutée en 1989 comprenant 116 430 femmes âgées de 25 à 42 ans.
Ces femmes complétaient un questionnaire, à l’entrée, puis à
nouveau tous les 6 mois. Ce dernier comportait des informations sur
leur mode de vie, leur état de santé et des données
démographiques.
Au total, durant les 1 986 867 personnes années de suivi, 103 cas
incidents de LED et 390 cas de PR ont été diagnostiqués.
Une endométriose confirmée par laparoscopie était significativement associée à une augmentation du risque de LED en analyse multivariée (Hazard Ratio [HR] = 2,03 ; intervalle de confiance à 95 % de 1,17 à 3,51). Cette association était atténuée après ajustement pour l’hystérectomie (HR = 1,72 ; IC95 de 0,96 à 3,08) et l’association était plus forte chez les femmes de moins de 45 ans (HR = 2,11 ; IC95 de 1,06 à 4,19). Une endométriose confirmée par laparoscopie était également significativement associée à la PR (HR = 1,41 ; IC95 de 1,05 à 1,89).
La grande taille de l’échantillon, la conception prospective et la longue durée de suivi sont des atouts de taille pour cette étude. Reste à comprendre la physiopathologie de ce lien entre endométriose (ou d’autres facteurs liés à l’endométriose) et risque de développer un LED ou une PR.
Dr Juliette Lasoudris Laloux