
Paris, le vendredi 13 août 2015- La DRESS (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) publie une étude sur le temps d’attente aux urgences. Elle a été réalisée le 11 juin 2013 auprès de 736 points d’accueil (dont 734 répondeurs) et a permis de colliger 48 711 questionnaires complétés par les usagers.
Pendant les 24 heures de l’enquête, 26 % des points d’accueil ont reçu 40 patients ou moins, 42 % en ont reçu entre 40 et 80, et 32 % plus de 80.
Un enregistrement rapide…
Les trois quarts des patients sont enregistrés dans le service dans les cinq minutes qui suivent leur arrivée, et seulement 5 % d’entre eux attendent au moins 15 minutes entre l’entrée et l’enregistrement. Dans 1 % des cas, celui-ci se fait avant l’arrivée.
…et une première évaluation qui l’est tout autant !
La moitié des patients sont vus par un infirmier moins de 4 minutes après l’enregistrement, qu’il y ait ou non un lieu d’orientation clairement défini.
Seul, un dixième des cas dépassent la demi-heure d’attente pour une première évaluation, cette fréquence augmentant aux heures les plus chargées, c’est-à-dire l’après-midi et en soirée (12 % à 13 % des patients attendent plus d’une demi-heure). À partir de minuit, les délais d’attentes se réduisent et la moitié de ceux qui se présentent entre minuit et 8 heures du matin sont vus en moins de deux minutes. Les patients qui se sont rendus dans un centre ayant reçu moins de 40 patients le jour de l’enquête voient plus vite un professionnel.
L’attente avant une première évaluation dépend également des caractéristiques des patients. Ceux qui sont transportés par les pompiers ou par le SMUR [respectivement 7 % et 4 % des patients] attendent ainsi moins souvent plus d’une demi-heure, à l’instar des patients de 75 ans et des enfants. Ces derniers sont d’ailleurs plus rapidement évalués dans des services dédiés (10 % attendent plus d’une demi-heure aux urgences pédiatriques, contre 15 % aux urgences générales). Ces différences s’amenuisent dans les établissements recevant peu de patients.
Enfin, les patients présentant des troubles respiratoires,
cardio-vasculaires ou neurologiques sont moins nombreux à attendre
plus d’une demi-heure que les patients qui consultent pour des
motifs gynécologiques ou rhumatologiques.
70 % des patients prises en charge en moins d’une heure
L’évaluation et la prise en charge se succèdent rapidement (5 minutes d’écart en médiane) dans les services d’urgences qui ne disposent pas d’un poste d’accueil et d’orientation (PAO) (12 %).
Pour les services disposant d’un PAO, la durée entre l’évaluation et le début de la prise en charge est de 20 minutes en médiane. Et, 22 % des patients attendent plus d’une heure.
La nuit, l’attente est moins longue : 14 % seulement des patients attendent plus d’une heure, contre 23 % le jour. Les personnes âgées attendent plus longtemps que l’ensemble de la population entre l’évaluation et leur prise en charge (plus d’une heure pour 22 % d’entre elles contre 20 %), bien qu’elles soient évaluées plus vite (cf infra).
Les enfants sont pris en charge un peu plus rapidement que les adultes : les moins de 5 ans sont 19 % à attendre plus d’une heure. Mais l’attente médiane avant leur prise en charge est plus longue de 14 minutes dans les urgences pédiatriques que dans les urgences générales.
Enfin, 12 % des patients pris en charge dans une salle d’accueil des urgences vitales attendent plus d’une heure avant leur prise en charge médicale.
Au total, sept patients sur dix sont pris en charge dans l’heure qui suit leur entrée aux urgences. En dehors d’un pronostic vital engagé, ou une arrivée par le SMUR, d’autres situations peuvent donner lieu à une prise en charge accélérée : de fortes douleurs ou une grande agitation. A contrario, les patients âgés, ceux qui se présentent avec des motifs liés à la dermatologie, à la rhumatologie ou à la traumatologie, qui vont dans des points d’accueil avec importante patientéle, attendent plus longtemps le début des soins.
Notons, enfin que le délai est plus court dans les petites
structures.
Combien de temps reste-t-on en tout aux urgences ?
La moitié des patients qui ne sont pas hospitalisés suite à leur passage aux urgences restent moins de 112 minutes.
Un patient qui bénéficie uniquement d’une consultation sans exploration complémentaire reste, dans la moitié des cas, moins de 74 minutes, et moins de 53 minutes quand le point d’accueil a reçu peu de patients ce jour-là. Quand la consultation s’accompagne d’un acte de soins, la durée médiane n’augmente que de quelques minutes. Si un acte à visée diagnostique s’ajoute à la consultation et aux soins, la durée médiane s’accroît encore d’une vingtaine de minutes. Lorsque la consultation va de pair avec un acte d’imagerie conventionnelle, il faut compter une demi-heure de plus.
Ce sont les actes de biologie qui semble le plus augmenter le temps de présence dans les murs du service. Ainsi, dans cette hypothèse, la moitié des patients demeurent plus de 168 minutes.
Quand plusieurs actes du plateau technique sont effectués, le
temps passé aux urgences augmente considérablement. Dans ce cas de
figure, la moitié des patients consultant dans un point d’accueil à
fort volume restent aux urgences plus de 4 heures.
Trouver un lit : de quelques minutes à quelques heures !
Dans près de la moitié des cas, la place est trouvée en moins de 15 minutes mais, dans un cas sur dix, il faut attendre presque 4 heures. Dans 80 % des cas, un seul appel suffit pour trouver un lit au patient. Quand ce n’est pas le cas, les délais s’allongent, passant d’une médiane de 10 minutes à 50 minutes. Il est plus difficile de trouver une place pour les personnes âgées (délais médians : 25 minutes) comparativement aux enfants (délais médians : 5 minutes). Enfin, ici aussi, obtenir une place d’hospitalisation est plus rapide dans les points d’accueil de faible affluence.
Au total, en dehors des particularités propres à chacun des patients, c’est la taille de la structure et l’heure de l’admission qui semblent le plus corrélés au temps d’attente aux urgences.
Frédéric Haroche