
Paris, le lundi 24 août 2015 - Le nombre de maladies dues aux morsures de tiques augmente en France comme dans l’ensemble de l’Europe. Toutes ne sont pas des borrélioses puisque l’on trouve aussi babésiose, bartonellose et autres rikettsiose, anaplasmose ou fièvre Q, sans compter l’encéphalite à tiques contre laquelle certains pays ou territoires ont recours à la vaccination.
Médiatique et problématique
Mais c’est surtout la maladie de Lyme qui préoccupe. Cette maladie bactérienne due à Borreliaburgdorferi, dont la séroprévalence chez le personnel agricole à risque est estimée à 14,1% en moyenne et à près de 27% en Alsace, est de plus en plus fréquente. Cette pathologie est également de plus en plus médiatique* en raison du nombre de patients trop tardivement diagnostiqués : associations de soutien et professionnels concernés se mobilisent pour la sortir de l’ombre.
Quelle est l’ampleur du phénomène ? Ce n’est pas encore clair. En prolongement de l’enquête belge Tekentiques, le réseau borrélioses français a lancé en septembre dernier une enquête publique sur son site, Tiques et France. Le public ou les médecins remplissent un formulaire simple, localisant les situations et précisant -s’il y a lieu- les maladies et symptômes le plus souvent associés. Ceci a permis de débuter une cartographie des morsures et des zones d’abondance en France. On retiendra entre autres que si les tiques les plus fréquentes en France (Iodex) continuent de manière traditionnelle à sévir en forêt, les genres dits « évolués » (Dermacetor) privilégient les steppes et les prairies, et les tiques sont également présentes en zone urbaine et péri-urbaine… L’institut scientifique de santé publique belge (WIVISP) vient d’ouvrir ce même type d’enquête sur le site tiquesnet.be. Bientôt l’INPES français ?
Pathétique : la borréliose à poux
Une autre borréliose vient également de faire parler d’elle en Europe : connue des plus anciens, compagne d’infortune des poilus de la grande guerre et des réfugiés d’aujourd’hui, profitant des famines et mauvaises conditions d’hygiène: c’est la fièvre récurrente à poux.
Des cas ont été notifiés cet été aux Pays-Bas chez des demandeurs d’asile venus d’Erythrée. Avec l’Ethiopie, le Soudan et la Somalie, l’Erythrée fait partie de la zone d’endémie africaine actuelle de la maladie (l’autre zone d’endémie est en Chine du nord). En France, des traces sérologiques de cette maladie avaient été repérées chez des sans-abris il y a quelques années à Marseille.
Cette pathologie potentiellement grave due à Borrelia Recurrentis, transmise par les poux de corps, pourrait, selon l’ECDC (european center of disease prevention and control) se propager en Europe compte tenu de l’augmentation des migrations et des réfugiés venant d’Afrique et des conditions souvent déplorables de leur accueil.
*Media-tiques, jeu de mot utilisé par le site français
d’information de l’association France Lyme
Dr Blandine Esquerre