Alors que c’est un neurologue français, Jean-Martin Charcot, qui a grandement contribué à l’intérêt thérapeutique porté à l’hypnose et que les premiers congrès mondiaux s’étaient logiquement déroulés sur notre territoire, depuis 1965, la France n’avait plus eu l’honneur d’accueillir le congrès mondial. Bien des arguments historiques peuvent être avancés pour expliquer cette désertion temporaire telle l’implication plus importante de la France en psychanalyse et, outre-Atlantique, les travaux du psychiatre Milton Erickson qui a inauguré une pratique de l’hypnose beaucoup plus souple. Aujourd’hui, les choses ont changé et l’hypnose s’est (ré) introduite comme une option thérapeutique particulièrement intéressante dans de nombreux domaines comme l’anesthésie, le traitement de la douleur, la prise en charge des addictions, des pathologies psychosomatiques, de certains troubles psychologiques, etc. Et ce 20e Congrès est là pour attester les recherches de plus en plus actives effectuées dans ce domaine. Il montre aussi que sous le terme « hypnose » se trouvent regroupées des pratiques très différentes dont certaines relèvent du spiritualisme et de l’ésotérisme (« hypnose et chamanisme », « hypnose quantique », « hypnothérapie énergétique »). Comme le souligne Jean-Yves Nau sur son blog : il est sans nul doute nécessaire de séparer « le bon grain hypnotique médical des ivraies manipulatrices et charlatanesques » (1). Il serait important à l’avenir de bien définir ce qu’est l’hypnose médicale, ce qui est scientifiquement reconnu et sur quelles bases. Ainsi que les indications précises de ces techniques. Des essais cliniques permettront une meilleure reconnaissance de cette pratique.
L’hypnose médicale n’est ni une entreprise magique ni une technique de relaxation, mais une méthode qui repose sur l’exploitation d’un phénomène naturel au cours duquel notre conscience est dissociée : c’est le cas par exemple lorsque nous sommes « dans la lune » ou que nous faisons un trajet de façon automatique sans pouvoir nous souvenir consciemment d’avoir emprunter tel ou tel chemin. Cette capacité de dissociation peut être induite par certaines techniques simples et employée, par exemple, pour déconnecter la conscience de la sensation de douleur. Cet état particulier, appelé « transe hypnotique », peut aussi servir de tremplin pour modifier nombre de schémas mentaux et corporels verrouillant les patients dans des comportements pathologiques répétitifs. De fait, l’imagerie cérébrale a pu montrer que le cerveau réagit en état d’hypnose comme s’il était en situation réelle.
Enfin, l’apprentissage de l’autohypnose permet d’autonomiser certains patients souffrant de troubles chroniques ou exposés à des événements douloureux, dévoilant un aspect essentiel de l’hypnose qui est de recourir aux forces intrinsèques des sujets pour mettre en œuvre un processus thérapeutique mis en œuvre par le patient, au lieu de s’appuyer sur des éléments externes comme les médicaments.
Dr Patricia Thelliez