
Paris, le mercredi 9 septembre 2015 – Le respect par les professionnels de santé, pour eux-mêmes, des recommandations vaccinales est essentiel à plus d’un titre : afin de limiter pour les patients le risque d’infections nosocomiales, de les protéger eux-mêmes et enfin en raison de l’exemplarité d’une telle attitude vis-à-vis du public. Cependant, les rares études conduites sur le sujet ont déjà mis en évidence certaines lacunes en la matière, notamment en ce qui concerne la vaccination anti-grippale. Publiées dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) deux enquêtes conduites par la Cellule de l’Institut de veille sanitaire (Cire) Sud offre des données intéressantes sur la couverture vaccinale des internes en médecine et pharmacie.
Carton plein contre l’hépatite B, système enroué face à la grippe !
Les étudiants marseillais ont été interrogés au printemps 2013 avec le soutien de deux associations d’internes en médecine et en pharmacie. Dans leur très grande majorité, les étudiants étaient nés après 1983 (date de l’introduction de la vaccination). Les questions se sont en concentrées principalement sur la couverture vaccinale contre la rougeole. Il apparaît que si 93 % des étudiants en médecine et 94 % de ceux en pharmacie ont reçu au moins une dose de vaccin contre la rougeole, la proportion de ceux ayant reçu deux doses descendait à 76 % en médecine et 82 % en pharmacie (ce qui peut en partie s’expliquer par le fait que l’introduction de la seconde dose remonte à 1996). Concernant la coqueluche, on retrouve également une couverture vaccinale plus élevée en pharmacie (91 %) qu’en médecine (78 %), tandis que les futurs médecins en quatrième année (64 %) présentaient le taux de protection le plus faible (64 %). La vaccination contre la grippe est la plus négligée avec cette fois-ci une "impasse" plus fréquente chez les pharmaciens dont seulement 36 % avaient reçu le vaccin pour la saison 2012-2013 contre 60 % chez les médecins. C’est en pédiatrie et en gynécologie que la couverture vaccinale s’est révélée la plus élevée (66 %), tandis qu’elle était la plus faible en chirurgie (30 %). A contrario, on atteint quasiment la perfection en ce qui concerne la vaccination contre l’hépatite B, avec respectivement 99 % et 97 % de futurs médecins et pharmaciens protégés, alors que les étudiants interrogés n’étaient pas encore concernés par le renforcement de l’obligation vaccinale contre ce virus, adopté en 2014.
De très rares oppositions à la vaccination
Les enquêteurs ont tenté de déterminer les raisons favorisant l’absence de vaccination contre la rougeole. Les 120 internes en médecine dont la vaccination contre la rougeole n’était pas complète ont souvent évoqué l’oubli et le désintérêt (33 %), tandis que 28 % ont indiqué avoir souffert de la rougeole. Les 37 % d’internes en médecine connaissant l’année de survenue de l’affection ont indiqué pour la plupart (63 %) l’avoir contracté entre 1983 et 1996. Très rares par ailleurs sont les étudiants pour lesquels la non vaccination résulte d’un rejet de cette pratique ou d’une minimisation de son importance : 4 % (soit cinq internes) ont considéré comme faible le risque de contracter la maladie et deux futurs médecins ont « manifesté une opposition à la vaccination ».
Une médecine du travail appelée à être plus active
Dans la très grande majorité des cas, la vaccination est réalisée par le médecin traitant de l’étudiant et non par les services de médecine scolaire. La fréquentation de la médecine du travail est d’ailleurs rare chez les étudiants en médecine : seuls 38 % ont indiqué avoir consulté un médecin du travail au cours de leur internat contre 66 % en pharmacie.
Cette faible proportion est regrettée par les auteurs de l’enquête qui préconisent une plus grande sensibilisation à l’importance de la vaccination auprès des étudiants et des internes.
Aurélie Haroche