Nécessite un examen

Le Caire, le samedi 19 septembre 2015 – Depuis de nombreuses années, elle rêve de devenir médecin. Lucide, elle sait que les obstacles seront nombreux : ses parents sont pauvres et elle est femme dans un pays où les discriminations sexistes sont encore quotidiennes. Pourtant, elle ne cessait d’y croire, fondant son espérance dans le fait que ses deux frères sont parvenus à devenir praticiens et dans une application acharnée. Mariam Malak a toujours travaillé sans relâche et ses efforts n’ont pas été vains : tout au long de ses années de lycée, elle s’est le plus souvent hissée à la première place, décrochant les notes les plus élevées. Pour la jeune fille, le baccalauréat aurait dû être une formalité. Pourtant, en juillet, le verdict est tombé : recalée. Les notes obtenues par Mariam Malak n’évoquaient pas un incident de parcours, une malchance, mais un échec total : zéro à toutes les épreuves. Mariam ne pouvait y croire : elle a demandé à consulter ses copies. Quelques lignes à peine les griffaient, quand la jeune fille se souvenait avoir noirci plusieurs pages. Epaulée par ses frères, Mariam a décidé de mener la fronde contre cette supercherie : à ses yeux, c’est la corruption qui gangrène le pays qui est à l’origine de l’affaire dont elle est la victime. Il est en effet probable que ses copies aient été octroyées au fils (ou à la fille) d’un Egyptien haut placé, moyennant finance, privant la petite étudiante de tout espoir de voir ses ambitions se réaliser.

Soigner l’injustice

Refusant d’abord d’entendre les réclamations de Mariam, face à la médiatisation de son cas et à sa détermination, le gouvernement a finalement décidé de se manifester : le Premier ministre a ainsi rencontré la jeune femme de 19 ans et a même déclaré qu’il la « soutenait dans sa plainte comme si c’était sa fille ». Cette déclaration a imposé la réouverture du dossier (alors que le parquet l’avait classé sans suite, sur la base d’analyses graphologiques sans doute faussées). Mariam est pour sa part convaincue que son combat dépasse désormais son seul sort, son sort de femme ou de copte, mais intéresse le pays tout entier : « Si on respecte mes droits dans mon pays, tous ceux qui vivent dans l’injustice sauront qu’eux aussi peuvent faire valoir les leurs » assure-t-elle.

Léa Crébat

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