Diabète de type 2: l’empagliflozine réduit d’un tiers le risque de décès !

Les inhibiteurs du co-transporteur de sodium-glucose de type 2 réduisent la réabsorption du glucose au niveau rénal et augmentent son excrétion urinaire. L’empagliflozine fait partie de ces inhibiteurs du co-transporteur de sodium-glucose de type 2 et a déjà prouvé son efficacité, en monothérapie ou en association, sur la réduction du taux d’hémoglobine glyquée de patients diabétiques de type 2, y compris ceux ayant une néphropathie chronique de stade 2 ou 3.

Une équipe internationale a mené une étude randomisé contre placebo sur 7020 malades, recevant, soit l’empagliflozine à une dose quotidienne de 10  mg ou 25 mg (n= 4687) soit un placebo (n=2333). Les patients étaient traités depuis plus d’un an selon les protocoles habituels, mais gardaient tous une hémoglobine glyquée supérieure à 7 %. Le critère de jugement principal était un indice composite regroupant décès de cause cardio-vasculaire, infarctus du myocarde non mortels et accidents vasculaires cérébraux (AVC) non mortels.

38 % de décès de causes cardiovasculaires en moins

Pendant les 3 ans de suivi, les patients qui avaient reçu l’empagliflozine ont eu risque réduit de survenue des 3 événements défavorables visés (10,5 % vs 12,1 % ; hazard ratio [HR]: 0,86 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95]: 0,74 à 0,99). La différence entre les eux groupes est due principalement au nombre inférieur de décès de cause cardio-vasculaires (3,7 % vs 5,9 %, réduction du risque relatif [RRR] de 38%). Les deux autres événements défavorables (infarctus ou AVC non mortels) sont survenus à une fréquence non différente entre les deux groupes.
De plus sur des critères de jugements secondaires, l'empagliflozine s'est révélée supérieure au placebo : nombre d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque (2,7 % vs 4,1 %) et décès toutes causes confondues (5,7 % vs 8,3 % ; RRR: 32%). Notons que les effet secondaires le plus souvent rencontrés étaient des infections génitales, dont le nombre a été supérieur dans le groupe recevant l’empagliflozine (6,4 % contre 1,8 % (p<0,001).

La réduction de 32% du risque de décès toutes causes confondues, obtenue après 3 ans de traitement, signifie en d'autres termes qu’il est nécessaire de traiter pendant 3 ans 39 patients (41 patients à la dose de 10 mg et 38 à la dose de 25 mg) pour éviter un décès. Les résultats ne sont toutefois applicables qu’au type de population participant à cette étude, c’est à dire à des patients déjà pris en charge de façon optimale pour le contrôle des facteurs de risque cardio-vasculaire. Ceux de cette étude recevaient en effet depuis au moins 1 an des inhibiteurs du système rénine-angiotensine-aldostérone, des statines et de l’aspirine.

Cet essai très commenté, aux résultats positifs dans un domaine ou les déceptions ont été nombreuses,  conduira peut-être la Commission de transparence à revoir son avis négatif de décembre 2014 sur l'Amélioration Service Médical Rendu par ce médicament et sur sa prise en charge par la sécurité sociale...

Dr Roseline Péluchon

Références
Zinman B. et coll. : Empagliflozin, cardiovascular outcomes, and mortality in type 2 diabetes
N Engl J Med 2015; publication avancée en ligne le 17 septembre (DOI: 10.1056/NEJMoa1504720)
51st Annual Meeting EASD

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Vos réactions (1)

  • Curieux résultat sur 3 ans de suivi

    Le 21 septembre 2015

    Aucune différence après 3 ans de suivi entre la population diabétique (type 2) traitée et non traitée sur les événements cardio-vasculaires (infarctus et A.V.C. ) non mortels, mais une différence très significative sur les décès de cause cardio-vasculaire. Ce qui voudrait presque affirmer que la qualité de vie sur le plan cardio-vasculaire, ne serait pas meilleure chez les sujets traités, mais le décès d'origine cardio-vasculaire serait plus tardif.
    Je serais curieux de connaître les autres pathologies et les autres causes de décès (un bénéfice de 32%) qui ont pu être observées pendant les trois ans de l'étude chez les sujets traités et non traités. Si des écarts (certes relatifs) autant significatifs de 38% pour les décès de causes cardiaques et de 32% pour les autres causes de décès, apparaissent non "au profit" de pathologies cardio-vasculaires non mortelles, on peut se demander si elles peuvent s'opérer au "bénéfice" d'autres pathologies non cardio-vasculaires. Ou bien faudrait-il retenir, ici encore, qu'entre la population traitée et non traitée, il n'y a aucune différence sur les événements morbides non mortels quels qu'ils soient. Ce nouveau traitement aurait-il le formidable avantage d'améliorer l'espérance de vie sans majorer la morbidité? Curieux les arguments pour la promotion des antidiabétiques oraux qui voudraient laisser croire que des médicaments contre le diabète ont une action bénéfique sur la mortalité et aucune sur la morbidité.

    Dr Jean Minaberry endocrinologue, nutritionniste, diabétologue.

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