Mouvements de grève du mois d’octobre : la CSMF dénonce des opérations « électoralistes »

Paris, le jeudi 24 septembre 2015 – Cela n’est sans doute pas une surprise, mais il est désormais plus que certain que la belle union des syndicats de médecins libéraux de ce printemps contre le projet de loi de santé a volé en éclats. Les enjeux des prochaines élections aux Unions régionales des professions de santé (URPS) ont eu raison de ce front commun, même si demeure un groupe plutôt solide, réunissant la Fédération des médecins de France (FMF), le Bloc, le Syndicat des médecins libéraux (SML) et l’Union française pour une médecine libre (UFML). Le principal ciment de ce collectif est la conviction que la lutte contre la loi de santé passe par une forte mobilisation et par une action choc. Aussi, ont-ils lancé il y a plusieurs semaines un appel au « blocus sanitaire », présenté initialement comme un mouvement illimité débutant le 3 octobre. Depuis les organisations ont modifié leur mot d’ordre, pour circonscrire le blocus du 3 au 6 octobre, avec la volonté de le reconduire « en fonction du calendrier électoral », notamment en cas, plus que probable, de retour du texte devant l’Assemblée nationale. Le syndicat MG France, semble également partager ce sentiment de la nécessité d’une action forte, mais, période électorale oblige, a refusé de s’allier au collectif et a lancé un appel reconductible à la fermeture des cabinets pour le 5 octobre. Le choix de cette période est en lien direct avec le calendrier parlementaire du projet de loi de santé : le 6 octobre, le vote solennel du Sénat est en effet attendu.

Frères ennemis

La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) considère cependant que cette période a été choisie pour une raison très différente, l’approche des élections professionnelles et dans un communiqué publié cette semaine, elle ne cache pas son mépris pour ces appels à la grève, qu’elle qualifie tout simplement de « mascarades ». A ses yeux, ces opérations sont uniquement inspirées par des préoccupations électoralistes. « La grève du 5 octobre intervient, comme par hasard, au moment où les médecins recevront leurs bulletins de vote pour les élections aux URPS » remarque ainsi la CSMF évoquant l’appel de MG France. Le syndicat multiplie en effet les critiques à l’égard de son rival de toujours, évoquant des collusions supposées avec le pouvoir en place et affirmant qu’il est l’inspirateur de la politique actuellement menée et envisagée par le gouvernement. Concernant les autres organisations à l’origine de l’appel au « blocus sanitaire », la CSMF ne cite que le Bloc (qui est né il y a quelques années d’une désaffection d’un grand nombre de spécialistes adhérents aux syndicats de la CSMF…), oubliant les autres participants et affirmant qu’il « s’oppose aujourd’hui à tout sans jamais rien proposer ».

Tous derrière moi (ou rien)

Ce coup de colère de la CSMF n’est probablement pas étranger aux critiques formées contre le syndicat quant à son apparente inaction. Lors de sa conférence de presse de rentrée ou encore de son université d’été, le syndicat n’a en effet fait état d’aucune journée de mobilisation ou autre opération de ce type. Pourtant la CSMF assure qu’elle prépare des « instants difficiles au gouvernement en mettant en œuvre des opérations d’envergure pour répondre par la mobilisation à l’OPA que le gouvernement organise sur la médecine libérale ». Et à ceux qui ne seraient pas convaincus par cette déclaration de guerre, dont les modalités sont toujours absentes, elle n’hésite pas à se présenter comme l’instigatrice de l’ensemble des grands mouvements menés par les médecins libéraux ces dernières années, y compris la grande manifestation du 15 mars (qui fut pourtant d’abord lancée par les internes…). On relèvera que le syndicat ne fait pas l’économie d’une certaine contradiction, car après avoir tiré à boulets rouges sur ses concurrents (accusant par exemple MG France de vouloir « se refaire une virginité en espérant mobiliser ceux qui ont la mémoire courte et qui pourraient dans un moment d’égarement voter pour lui »), elle affirme qu’elle « veut un grand mouvement unitaire ».

Plus de candidats à la grève qu’aux élections ?

Cette colère de la CSMF ne devrait guère inciter les autres organisations à rejoindre son giron et sur le terrain, où les gesticulations syndicales sont rarement entendues, il n’est pas impossible que les appels à la grève soient assez largement suivis… plus, probablement, que les appels au vote des uns et des autres, la participation étant toujours faible en raison notamment d’interrogations nombreuses quant à des organisations qui ne cessent de se harceler mais dont les cibles sont pourtant finalement communes (la loi de santé et en particulier la généralisation du tiers payant).


Aurélie Haroche

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