Médicament intelligent : bientôt un comprimé qui alerte le praticien en cas d’inobservance ?

Redwood, le samedi 26 septembre 2015 – De nombreux spécialistes ont insisté ces derniers mois sur la nécessité de trouver de nouveaux outils pour améliorer l’observance des traitements, notamment chez les patients atteints de maladies chroniques, ce qui est un enjeu économique et de santé publique majeur. Beaucoup considèrent que les objets connectés contribueront à faire progresser l’adhésion des patients aux traitements, en permettant de multiplier les systèmes d’alerte et en favorisant les échanges entre les malades et les médecins.

La société américaine Proteus Digital Health s’inscrit dans cette voie mais la dépasse largement. La start up californienne a en effet mis au point un dispositif qui associé à un médicament classique permet de surveiller en temps réel le respect du traitement.

Chaque pilule oubliée est potentiellement signalée

Le fonctionnement de ce capteur est semblable à celui d’une électrolyse. Le cuivre et le magnésium qui le composent déclenchent, au contact du suc gastrique, un signal électrique transmis à un patch porté par le patient. Ainsi, les informations récoltées permettent de déterminer si le malade a bien suivi la prescription qui lui a été faite (tandis que d’autres données peuvent également être recueillies). Grâce à un logiciel connecté au patch par Bluetooth, il est possible de transmettre les informations obtenues soit au patient (par exemple sur son téléphone portable), soit, en cas d’accord de ce dernier, directement au médecin. Pour la première fois, ce système a été associé à un médicament : l’Abilify, des laboratoires Osaka, indiqué dans le traitement de la schizophrénie. L’association ainsi obtenue a été soumise à la Food and Drug Administration qui pour la première fois, selon Proteus Digital Health, a accepté d’examiner un tel dossier.

L’Abilify, un candidat peut-être pas idéal pour une telle innovation

Outre les interrogations sur l’efficacité et l’innocuité de ce capteur (auxquelles répondraient différentes études menées par la firme californienne selon cette dernière), sa conception soulève évidemment des questions éthiques. Faut-il s’inquiéter du risque de dérive sur la liberté des patients et sur la qualité des relations entre les médecins et les malades ? Comment se prémunir des tentations autoritaires ? Enfin, si pour les patients atteints de maladie chronique somatique, un tel système pourrait bénéficier d’une possible acceptation (car il permet de pallier les phénomènes d’oubli et de lassitude), chez les malades souffrant de troubles mentaux, ce type de dispositif pourrait sans doute renforcer leur anxiété et inquiétudes et fragiliser la relation de confiance déjà difficile à établir avec les équipes médicales.

Aurélie Haroche

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