
L'analyse de l'expression génique dans le cancer du sein a montré son intérêt pronostique dans plusieurs études rétrospectives antérieures, sans prouver sa pertinence clinique. La meilleure validation de l'efficacité et de la validité clinique d'un bio-marqueur passe en effet par une étude prospective dans une population traitée de façon uniforme. L'étude prospective TAILORx (Trial Assigning Individualized Options for Treatment) est une étude de ce type qui vient d'être rapportée dans le New England Journal of Medicine.
Elle a porté sur 10 253 femmes atteintes d'un cancer du sein de 1,1 à 5 cm dans la plus grande dimension (ou de 0,6 à 1 cm dans la plus grande dimension et de grade tumoral II ou III), sans envahissement ganglionnaire axillaire, HR+ (positifs pour les récepteurs hormonaux), HER2- (négatifs pour l'human epidermal growth factor receptor type 2), qui remplissaient les conditions admises pour envisager une chimiothérapie adjuvante en complément de l'hormonothérapie.
Un test Oncotype DX® (Genomic Health), analysant l’expression de 21 gènes d’un échantillon tumoral par RT-PCR (Real Time, Reverse-Transcriptase-Polymerase- Chain-Reaction) a permis de calculer un score de récidive chez ces patientes. Au total, 1 626 femmes (15,9 %) présentaient un score de récidive compris entre 0 et 10 (en faveur d'un très faible risque de récidive sur une échelle de 0 à 100) et ont alors reçu uniquement une hormonothérapie sans chimiothérapie.
A 5 ans, le taux de survie sans maladie invasive était dans ce groupe de 93,8 % (intervalle de confiance à 95 % [IC 95 %] 92,4-94,9) et le taux de survie globale de 98 % (IC 95 % 97,1-98,6). Le risque de récidive à distance était de 0,7 % (IC 95% 0,4-1,3), alors que le risque de récidive locorégionale ou à distance était de 1,3 % (IC 95 % 0,8-2,1).
Ainsi, chez ces patientes ayant un cancer du sein à un stade précoce N0, RH+, HER2- relevant a priori d'une chimiothérapie adjuvante, celles qui avaient un profil d'expression génique favorable ont eu des taux de récidive à 5 ans extrêmement bas sous hormonothérapie seule sans chimiothérapie. Ce test semble donc bien identifier des femmes auxquelles ont peut éviter la chimiothérapie, même si le choix d’un « cutoff » à 10 semble devoir être confirmé par d'autres études et si d'autres tests doivent pouvoir être évalués également.
Dr Catherine Azoulay