Washington, le samedi 17 octobre 2015 – Sujet généralement à peine abordé durant les campagnes électorales françaises depuis la loi Veil , le droit à l’avortement reste toujours au centre de discussions passionnées outre-Atlantique. Il s’agit d’un thème extrêmement délicat pour les candidats, qui ne manqueront pas, quelle que soit leur position, de devenir la cible des pro vie ou des pro choix. Hillary Clinton, qui depuis le début de la campagne a affiché son attachement aux combats féministes et qui s’est toujours déclarée favorable à l’avortement n’a pas échappé à cette règle.
Polémique au-delà des frontières
Il y a quelques semaines, elle répondait aux questions de John Dickerson sur CBS dans l’émission Face the Nation. Le journaliste l’interrogea notamment sur sa position à propos d’une disposition en discussion au Sénat visant à introduire dans la loi fédérale l’interdiction des avortements tardifs, jusqu’au neuvième mois de grossesse. La candidate à l’investiture démocrate s’est exprimée très clairement contre une « ingérence » de l’état fédéral sur ces questions, la jugeant notamment inutile puisque les avortements au-delà du sixième mois sont justifiés par des raisons médicales et refusant que puisse être restreinte la liberté des femmes à disposer de leur corps. Ces déclarations ont été immédiatement commentées et critiquées. Beaucoup y ont lu une banalisation de l’avortement, y compris jusqu’au terme de la grossesse. Certains ont notamment reproché à Hillary Clinton de méconnaître la réalité et notamment le fait qu’une partie (inconnue) des interruptions volontaires de grossesse au troisième trimestre ne serait pas liée à des motifs médicaux.
Cette polémique s’est invitée jusqu’en France où certains sites, comme le relèvent Libération et Arte dans leur programme internet commun Desintox ont rapidement présenté Hillary Clinton comme une défenseuse sans nuance de l’avortement au neuvième mois. Une illustration supplémentaire s’il en était besoin du caractère éminemment délicat de ces sujets et de la rapidité avec laquelle les propos peuvent être réinterprétés et réorientés. Ici, comme ailleurs.
Léa Crébat
