
Le cannabis est la drogue la plus consommée par les femmes enceintes : entre 2 % et 27 % d’entre elles sont concernées selon les populations étudiées et les modes de détection utilisés.
Le THC, principal composant du cannabis, traverse facilement la barrière placentaire et reste détectable dans l’organisme un mois après sa consommation ce qui implique que le fœtus peut y être soumis durant une longue période et cela même après une seule exposition. Par ailleurs, fumer du cannabis peut affecter les échanges gazeux entre la mère et le fœtus, son inhalation apportant cinq fois plus de monoxyde de carbone que le tabac seul.
Selon une étude rétrospective monocentrique portant sur 8 138 femmes enceintes, la consommation de cannabis est une pratique commune, puisqu’elle concerne 8,4 % d’entre elles. Par rapport à la population générale, ces femmes sont plus jeunes, plus souvent d’origine afro-américaine et ne bénéficient pas d’un suivi de grossesse optimal.
Les utilisatrices de cannabis sont plus susceptibles de consommer de l’alcool, du tabac et d’autres drogues durant la grossesse : plus de 58 % des fumeuses de cannabis fument également du tabac et 10 % boivent de l’alcool, contre 14 % de fumeuse de tabac et 7,6 % de buveuses dans la population non consommatrice de cannabis.
Les pré-éclampsies et HTA sont aussi fréquentes dans les deux populations, par contre les consommatrices de cannabis sont un peu moins souvent diabétiques.
Le taux de morbidité néonatale composite (poids de naissance ˂ 2 500g, admission en unité de soins intensifs, Apgar ˂ 7 à 5 minutes de vie et/ou pH ˂ 7,10) est de 11,8 % vs 8 % pour les non consommatrices ; après ajustement sur l’usage d’autres drogues, de tabac et l’appartenance au groupe afro-américain, cette différence n’est plus significative. De même, pris un à un, aucun item de la morbidité néonatale n’est significativement différent d’un groupe à l’autre.
Même si cette étude ne permet pas d’évaluer les effets en fonction de la dose ou de la période d’exposition, elle va dans le même sens que les précédents travaux portant sur le sujet et qui montraient que la consommation de cannabis n’a pas de conséquences délétères sur la santé du nouveau-né.
Marie Gélébart