Touchers pelviens sous AG : la demande de consentement n’est pas systématique

Paris, le mardi 27 octobre 2015 - Il y a an, la découverte par un pharmacien d’un document sur le site internet de la faculté de médecine de Lyon-Sud suggérant la réalisation de touchers vaginaux sur des patientes sous anesthésie générale, à des fins d’apprentissage jetait le trouble : beaucoup s’interrogeaient en effet sur l’information donnée aux patientes et sur le recueil de leur consentement. La réalisation d’une enquête a donc été confiée à la Conférence des doyens des facultés de médecine, sur la « formation clinique des étudiants en médecine » par le ministre de la Santé. Les conclusions de ces travaux ont été remises aujourd’hui par le professeur Jean-Pierre Vinel, président de la Conférence des doyens à Marisol Touraine.

Confusion des données

Sur la base d’une enquête déclarative menée auprès de tous les doyens de faculté de médecine, il apparaît qu’au cours du premier cycle des études médicales, l’apprentissage des examens pelviens n’est pas encore généralisé (il concerne néanmoins 80 % des facultés).

Concernant la réalisation de touchers chez des patients anesthésiés, une contradiction apparait dans le rapport. On peut lire en effet qu’ : « Aucune formation n’est faite pour ces étudiants chez des patients anesthésiés ». Pourtant, les résultats détaillés du questionnaire signalent qu’en cas d’examens « réalisés chez un patient anesthésié, ils le sont après demande de l’accord du patient dans 67 % des cas ». Concernant les externes, l’apprentissage des examens pelviens est généralisé et peut se faire chez des patients anesthésiés mais seulement « dans une minorité de sites », indique le rapport. Dans ce cadre, le recueil du consentement n’est pas systématique et concerne 80 % des cas. Enfin, durant l’internat, les examens pelviens sous anesthésie générale sont plus fréquents et là encore la demande préalable de l’accord de la patiente n’est pas unanime et rapportée dans 75 % des cas.

Promotion de la simulation

Sur la base de ces résultats, qui pourraient ne pas totalement refléter la réalité (en raison de leur  caractère déclaratif) et en dépit des quelques incohérences présentes dans le rapport que nous avons soulignées, le ministre de la Santé a répété son indignation. « Malgré certains constats positifs (examens encadrés pour 100 % des jeunes étudiants et pratiqués, de plus en plus, par simulation) », Marisol Touraine juge « ces résultats "très préoccupants" et rappelle que les actes concernés, totalement illégaux, exposent à des poursuites pénales » souligne un communiqué du ministère de la Santé qui affirme que la plus grande « fermeté » sera appliquée « face à ces pratiques inacceptables ». Trois mesures ont par ailleurs été annoncées, inspirées des recommandations de la Conférence des doyens : lancement d’une mission auprès de l’Inspection générale des affaires sociales, envoi d’une instruction aux directeurs d’établissement pour rappeler les règles à respecter et renforcement du développement de la simulation dans les facultés de médecine, « avec pour objectif d’équiper l’ensemble des Centres hospitaliers universitaires (CHU) d’un centre de simulation en santé d’ici 2017 ». Aujourd’hui, « la grande majorité des facultés disposent actuellement de moyens de simulation », mais ces derniers ne « couvrent pas l’ensemble des besoins de formation » indiquent les doyens.

Conférence des doyens de faculté de médecine : rapport sur la formation clinique des étudiants en médecine

Aurélie Haroche

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article