
Paris, le vendredi 6 novembre 2015 - Le bureau de la Région Européenne de l’OMS répond sur son site aux questions les plus fréquentes qui se posent sur la question des migrations : quels problèmes de santé ont les migrants à leur arrivée ? Faut-il un triage, des dépistages, des structures spécifiques, quel risque représente cette population pour la santé publique européenne ?
La situation n’est pas nouvelle mais elle devient critique -700 000 migrants annoncés récemment par le HCR- et le risque sanitaire est d’abord pour eux : des milliers sont morts (noyés pour la plupart) ou disparus.
Si les migrants ont globalement les mêmes problèmes de santé dans leur pays que les européens, ils présentent à leur arrivée des stigmates plus ou moins graves de violences subies, du délabrement des conditions sanitaires de leur pays et aussi de leur parcours de migration : maladies infectieuses, pathologies périnatales, blessures, gelures, brûlures, complications de pathologies chroniques, pour ne parler que de la santé physique.
Durant leur exode, le risque de maladies d'origine alimentaire et hydrique (Salmonella, Shigella, Campylobacter et virus de l’hépatite A) est lié aux mauvaises conditions de vie : eau potable, toilettes et douches font défaut aux frontières et même en centres d'accueil (cf Calais chez nous). L’évacuation insuffisante des déchets dans ces lieux, où prolifèrent rongeurs et insectes, est une menace supplémentaire pour leur santé
Repérer les maladies contagieuses
Les maladies non transmissibles (diabète, maladies cardio-vasculaires) et les âges extrêmes rendent plus vulnérables encore les personnes à ces conditions de vie. Les femmes, notamment enceintes, préoccupent particulièrement l’OMS, qui diligente actuellement une étude.
La question d’une éventuelle contagion à la population locale se pose car certaines maladies infectieuses sont plus présentes chez les migrants (HIV, hépatites, tuberculose), mais il est également démontré que des personnes contractaient la maladie après leur arrivée. Craindre que l'accueil de personnes vivant avec le VIH menace la santé ou les finances publiques ne repose « sur aucune base morale, juridique ou de santé publique » affirme l’OMS.
Concernant la tuberculose, les cas de transmission à la population locale sont peu nombreux en raison des contacts limités et de la faible contagiosité, mais nous sommes la seule Région de l'OMS à disposer d'un document de consensus qui assure l'accès aux services médicaux quel que soit le statut du migrant et la “non déportation” tant que le traitement antituberculeux n’est pas fini.
Réémergence, importation de maladies
L'afflux massif de refugiés augmente le risque de réintroduction et de flambées localisées de maladies à transmission vectorielle. En Grèce le « retour » du paludisme a été secondaire à un afflux de migrants en provenance du Pakistan. Tadjikistan et Turquie sont exposés à l'importation de paludisme d'Afghanistan et de République arabe syrienne. Mais un système de sante bien préparé peut éviter la réintroduction de ces maladies, comme l’a montré l’expérience Turque.
Quant au risque d'importation d'agents infectieux rares et exotiques en Europe, tels que les virus Ebola, Marburg et Lassa ou Corona, il est extrêmement faible et les états sont équipés à y faire face. Ce qui n’empêche pas la vigilance. Nous reviendrons la semaine prochaine, après ce constat, sur les préconisations de l’OMS.
Dr Blandine Esquerre