
Montagnes de Mahale, Tanzanie, le samedi 14 novembre 2015 - Une équipe de l’université de Kyoto a analysé pendant deux ans, au parc national des montagnes de Mahale, le comportement d'un groupe de chimpanzés à l'égard d'un bébé femelle, atteint de symptômes proches de ceux observés dans la trisomie 21. C’est ainsi la première fois que l’on a pu observer, à l’état sauvage, l’attitude maternelle d’une guenon avec son enfant malade dès la naissance.
Aucun rejet des handicapés !
« Les soins apportés par la mère pour pallier le handicap de son enfant, également materné par sa sœur, l'ont probablement aidé à survivre pendant 23 mois en pleine nature », soulignent les chercheurs, qui ont ensuite perdu sa trace, vraisemblablement à la suite de son décès. Sa mère et sa sœur soutenaient notamment cette petite de leurs bras au cours de l'allaitement, a expliqué à l'AFP le professeur Michio Nakamura : « d'habitude, un bébé chimpanzé peut s'agripper de lui-même, mais ses jambes n'étaient pas assez puissantes ».
Par ailleurs, la génitrice ne laissait pas les membres de la
communauté, extérieure à sa famille nucléaire, s’en occuper, ce qui
n'avait pas été le cas avec le reste de sa progéniture. Quant
aux autres primates du groupe, ils « n'ont montré aucune
aversion ou peur » vis à vis de cet handicapé.
Cette étude apporte de nouveaux éléments sur le développement du
lien social simiesque et apprend que, contrairement à ce qu’on a pu
croire, la capacité de dispenser des soins aux plus vulnérables ne
s’est pas développée avec l'apparition de l'espèce humaine, voire
que ces animaux se comportent mieux avec leurs semblables en
difficulté que certains hommes...
Frédéric Haroche