
Des efforts de prévention de l’obésité ciblent actuellement les jeunes enfants. Mais que comprennent-ils exactement des informations qui leur sont transmises ? Il manque en particulier des données sur la compréhension qu’ils ont des moyens et des motivations à changer de poids, ainsi que des conséquences associées à ces changements.
Au Royaume-Uni, pays très touché par l’obésité infantile, des chercheurs ont tenté une expérience originale auprès de 38 filles et 62 garçons britanniques de 5 ans pour combler cette insuffisance. Ils leur ont fait lire quatre versions d’une histoire mettant en scène un personnage soit en surpoids soit de poids normal. Un personnage de petit garçon pour les garçons et un personnage de petite fille pour les filles. En entretien individuel, les chercheurs ont montré à chaque enfant deux images du personnage - l’une avec un poids normal et l’autre en surpoids - indiquant qu’il était un peu plus âgé sur l’une des deux. Ils ont demandé s’il pensait que le personnage de l’histoire avait changé, ce qui avait changé chez lui et ce qu’il avait bien pu faire pour cela. Puis, s’il croyait que le personnage souhaitait devenir comme cela, pourquoi il en était ainsi et comment il estimait qu’il se sentait maintenant et enfin, si c’est une bonne chose ou non.
Résultats : les enfants identifient quasiment tous (94 %) un changement de « poids » ou de « silhouette » chez le personnage. L’alimentation et l’exercice, sont le plus souvent mentionnés comme à l’origine du gain ou de la perte de poids. La quantité d’aliments consommés est davantage citée que la qualité de l’alimentation. Toutefois, quelques enfants font quand même référence aux aliments caloriques (sucreries, gâteaux), les filles davantage que les garçons. Concernant l’exercice, les garçons mentionnent plus volontiers que les filles, les types d’exercice pouvant expliquer la perte de poids du personnage (foot, sport).
Maigrir pour éviter les moqueries
L’information originale de cette étude concerne les motivations supposées de ce changement. Les enfants en citent deux : l’une physique et l’autre sociale. Plus précisément, il s’agit de maigrir pour améliorer ses capacités physiques lors de jeux ou de sport ou éviter d’être malade mais aussi par souci de son apparence et pour éviter les réactions négatives des autres. Eviter les moqueries sur le physique est une motivation citée par près de la moitié des enfants. Les réponses des enfants indiquent clairement qu’ils associent des bénéfices et des sentiments positifs à la perte de poids et des inconvénients et des sentiments négatifs au gain de poids. Aucune différence de réponse n’a été notée selon la perception qu’avait l’enfant de sa propre silhouette. De même, les réponses variaient peu selon le sexe de l’enfant. Cependant, les filles ressentaient plus d’émotions négatives et les garçons plus d’émotions positives au sujet des conséquences du changement de poids.
Ces réponses sont, selon les chercheurs, le reflet évident du discours public sur le poids. Et le fait que des enfants de 5 ans aient déjà une réflexion sur l’activité physique, la santé, les motivations et conséquences d’un changement du poids, indique qu’ils sont réceptifs à une éducation précoce sur ces sujets. Ils insistent cependant sur un point : « les campagnes d’éducation devront veiller à éviter tout stéréotype et stigmatisation des sujets en surpoids ou obèses ».
Cyrille Costa
Article rédigé dans le cadre de la rubrique nutrition, soutenue
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