
L'obésité (indice de masse corporelle supérieure à 30 kg/m²) est associée à de nombreuses maladies chroniques (hypertension, diabète, insuffisance coronaire, cancer) et à un état inflammatoire systémique. Ce dernier va de pair avec une augmentation du risque de polyarthrite rhumatoïde (PR), ainsi qu’avec une activité plus importante de la maladie et une diminution de l'efficacité des traitements en cas de PR.
Ce travail rétrospectif avait pour objectif d'évaluer les effets d'une perte de poids consécutive à une chirurgie bariatrique chez des patients atteints de PR.
Cinquante-trois malades souffrant de PR et ayant bénéficié d’une chirurgie bariatrique entre 2000 et 2012 ont été inclus dans cette étude. Les données postopératoires évaluées étaient celles recueillies à 6 mois, 12 mois et à lors de la plus récente consultation.
L'indice de masse corporelle moyen avant l’intervention était de 47,8 ± 7,7 kg/m² (poids moyen 128,2 ± 24 ,1 kg/m²). Pour 57 % des sujets, l’activité de la maladie était qualifiée de moyenne ou élevée et 26 % étaient en rémission.
Perte de poids mais aussi diminution de l’activité de la maladie
La perte de poids moyenne était de 32,5 ± 13,6 kg à 6 mois, de
41 ± 17,3 kg à 12 mois en postopératoire et de 35,4 ± 23 kg lors de
la visite la plus récente. L'activité de la maladie s’est améliorée
au fil des consultations : à 12 mois 6 % des patients avaient une
maladie modérément ou très active, contre 57 % en préopératoire (P
< 0,001) et 68 % étaient en rémission versus 26 % à l'entrée.
Enfin, lors de la consultation la plus récente, en moyenne 5,8 ans
± 3,2 ans après la chirurgie, 74 % des sujets étaient en rémission
versus 26 % à l'entrée.
On notait ainsi une diminution statistiquement significative à 6
mois, 12 mois et à la visite la plus récente de la vitesse de
sédimentation, du taux de C reactive protein et de l’importance des
traitements anti rhumatismaux suivis (DMARDs [disease-modifying
antirheumatic drugs], AINS, corticoïdes) aux visites de suivi
versus visite préopératoire (P < 0,05).
Cependant 19/53 malades (36 %) ont été victimes d’un effet secondaire sévère de la chirurgie bariatrique (réintervention pour adhérences, nausées , déhiscence de la paroi).
Ces résultats laissent suggérer qu'une perte de poids substantielle peut avoir un rôle important dans la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde. Cependant, le caractère rétrospectif de l'étude en limite sérieusement la portée et des études contrôlées randomisées sont nécessaires.
Dr Juliette Lasoudris Laloux