Paris, le mercredi 16 décembre 2015 – Les libertés obtenues par les femmes, la plus grande facilité du divorce, l’évolution des mœurs qui ont marqué les années soixante et soixante-dix continuent-elles à avoir de l’influence sur nos "modèles familiaux ? Qu’est-ce qu’une famille aujourd’hui ? Un long travail publié par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) propose un instantané de la vie familiale dans notre pays en cette seconde décennie du troisième millénaire.
Toi et moi, comme avant (ou presque)
Le couple, d’abord, continue à séduire la grande majorité des personnes vivant en France : 66,4 % des adultes vivent avec une autre personne adulte, 18,4 % ont été en couples et seules 15,2 % n’ont jamais connu cette expérience. En couple, et le plus souvent marié : parmi les personnes ne vivant pas seules, on recense 73 % de mariages contre 23 % d’union libre et 4 % de pacsés. Les couples homosexuels représentent 0,6 % des personnes en couple. Si on constate donc une persistance du schéma "traditionnel", on observe cependant un recul de cette situation classique, avec une multiplication des séparations. Ainsi, entre 25 et 65 ans, « vivre en couple est moins fréquent que par le passé » relèvent les sociologues de l’INSEE.
La famille monoparentale en nette progression
De même, le "modèle" familial le plus courant est celui d’un couple marié avec des enfants, situation qui concerne huit familles sur dix parmi les 7,8 millions de familles comptant des enfants. Ne pas avoir d’enfant demeure une situation rare (elle concerne 14 % des femmes et 21 % des hommes nés entre 1961 et 1965), tandis qu’avoir plus de trois enfants ne concerne que 9 % des femmes (contre 22 % pour les femmes nées entre 1931 et 1935). Cependant, là encore le schéma "traditionnel" des couples vivant avec leurs enfants est en recul : il concerne aujourd’hui 70 % des familles contre 75 % il y a quinze ans. Familles recomposées, mais surtout monoparentales sont en effet en progression. Le fait d’élever seul un ou plusieurs enfants concerne aujourd’hui 1,6 millions de familles contre 1,2 millions en 1999. Les femmes sont le plus souvent concernées par cette situation (85 % des cas) : les sociologues de l’INSEE indiquent qu’une femme sur trois pourrait être dans sa vie à la tête d’une famille monoparentale. Or, la précarité est, dans ce cas, souvent au rendez-vous : elle est le lot de 40 % des familles monoparentales. Cette situation s’explique notamment par le fait que ce sont le plus souvent les femmes non diplômées qui se retrouvent seules avec des enfants à charge et que d’une manière générale séparations et divorces ont bien plus d’impact économique sur les femmes que sur les hommes (la perte de revenus atteint 20 % pour les premières contre 3 % pour les seconds). Par ailleurs, monoparentalité et accès à l’emploi ne font pas toujours bon ménage.
Hommes et femmes : les différences demeurent
Outre l’importante part des femmes au sein des familles monoparentales, on constate des évolutions dans le parcours des femmes. Ainsi, longtemps, les femmes les plus diplômées étaient celles vivant le moins en couple. Une tendance qui tend à s’estomper dans les jeunes générations : si elle demeure vraie pour les plus de 45 ans, elle ne l’est plus aujourd’hui pour celles âgées entre 35 et 45 ans, qu’il faille y voir la disparition des "inquiétudes" masculines vis-à-vis des femmes les plus diplômées ou la fin d’une vision du couple comme nécessairement "néfaste" face au souhait de faire carrière pour les femmes. D’une manière générale, les sociologues de l’INSEE constatent la persistance de différences entre les parcours des hommes et des femmes quant à leur situation familiale, notamment parce que les hommes continuent à s’engager plus tardivement dans une vie de couple et à devenir parent à un âge plus avancé.
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/COUFAM15.pdf
Aurélie Haroche
