Piquer au vif les hémorragies

Washington, le samedi 19 décembre 2015 – La stabilisation d'une victime d'une hémorragie se révèle très difficile pour les non professionnels de santé, tandis que ces derniers peuvent rencontrer de nombreux obstacles dans certaines conditions particulières. La médecine de guerre, particulièrement concernée, offre des réponses à ces situations complexes. Depuis un an, l’Armée américaine utilise ainsi un dispositif élaboré par la société Revolutionary Medical Technologies (RevMed). A première vue, pourtant, son outil, baptisé Xstat n’a rien de révolutionnaire puisqu’il se présente comme une seringue, à l’intérieur de laquelle on distingue comme des petites boules de coton.

Des petites éponges très performantes

Xstat est en réalité bien plus que ça : ce dispositif hémostatique contribue à sauver des vies en quelques secondes. La seringue permet en effet d’insérer dans une plaie ouverte (en se positionnant au plus près de l’artère) 92 petites éponges, présentant une capacité d’absorption inégalée. Ces éponges extensibles de trois centimètres de diamètre peuvent en effet absorber chacune jusqu’à 300 millilitres de liquide, grâce à la présence de cellulose. Jusqu’à trois seringues peuvent être utilisées pour le même patient et grâce à ces éponges, il serait possible de gagner quatre heures avant l’admission de la victime dans un centre de soins adapté. Ce long délai est notamment rendu possible grâce à la présence de chitosane dans le revêtement des éponges, un composant synthétique antibactérien et hémostatique. Chaque éponge devra être retirée à l'hôpital, ce qui est facilité par la présence d’un marqueur détectable au rayon X. Le dispositif présente quelques limites : il ne pourra être utilisé pour les blessures du thorax, de l’abdomen, au niveau de la cavité pleurale, du médiastin, dans l’espace rétro péritonéal, autour du ligament inguinal et à proximité de la clavicule. A contrario, la seringue pourra être employée face à des blessures à l’aine ou à l’aisselle, qui ne peuvent être garrotées.

Blessures de guerre en ville

Sur le terrain militaire, l’efficacité et l’utilité d’Xstat ont pu être mises en évidence. Mais aujourd’hui, le dispositif est promis à une plus large utilisation : la Food and Drug Administration vient d’autoriser sa mise sur le marché ouvrant le champ à un usage civil. Aux Etats-Unis où les blessures par balle font 33 000 victimes chaque année, ce dispositif trouvera sans doute sa place dans les procédures d’urgence. « C’est vraiment très intéressant de voir que cette technologie va pouvoir venir en aide aux secours civils » s’est félicité William Maisel, responsable de l’approbation de ce type de dispositif au sein de la FDA.
En France, au lendemain des attaques terroristes du 13 novembre qui ont confirmé l’efficacité des services de santé mais également mis en évidence les limites des interventions  d’urgence sur le terrain, ce dispositif pourrait susciter l’attention de certains responsables et spécialistes de l'oxyologie.

 

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Aurélie Haroche

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