
Moscou, le samedi 19 décembre 2015 - Chaque fin d’année, le British Medical Journal (BMJ) publie des études sur des sujets insolites. Au menu de ce numéro, plus ou moins « gaguesque », on trouve notamment un article sous la plume de neurologues portugais, italiens et hollandais qui se sont penchés sur la façon de marcher du président russe. Celle-ci serait en effet caractérisée par l’absence de balancement du bras droit.
Cliquez sur l'image pour visualiser la vidéo
Cette étrange allure a déjà fait l’objet de spéculations. Ont ainsi été évoquées tour à tour : une souffrance fœtale, les séquelles d’une poliomyélite ou d'un accident vasculaire cérébral … Récemment, la possibilité qu’il soit atteint d'un syndrome d'Asperger avait même été envisagée par des experts militaires américains (ce que le JIM a brillamment réfuté : Poutine Asperger ou stoïcien
Pour ses recherches, l'équipe internationale de neurologues a étudié sur vidéo la démarche de ce chef d’état, ainsi que celle de quatre dignitaires sous ses ordres ayant un mode de déambulation proche : le premier ministre Dimitri Medvedev, l’ancien ministre de la défense, Anatoly Serdioukov, le chef du protocole, Sergei Ivanov et le commandant du district militaire ouest, Anatoly Sidorov.
Ecartant un problème orthopédique ancien, en arguant du fait que ce patient est connu pour ses performances sportives, les auteurs ont dans un premier temps proposé le diagnostic de maladie de Parkinson.
Mais ils rappellent que cette pathologie entraîne non seulement une bradykinésie, mais aussi des tremblements ou une rigidité au repos, ce que Poutine, ni aucun de ses quatre obligés, n'affichent.
Ne pas confondre Poutine et Hitler
Ces auteurs notent par ailleurs que Valdimir Poutine a d'excellentes capacités motrices : son écriture est vive, il ne présente pas de micrographie, les mouvements de sa main droite sont rapides…et il est ceinture noire de judo et excellent nageur ! Cela contraste nettement avec, un autre patient célèbre, Adolf Hitler, dont les dernières prises de vues montrent une réduction de l'utilisation d'un membre supérieur, une hypomimie, des tremblements de repos, une posture voûtée, une hypokinésie…
Il est également exclu qu’il puisse s’agir d’un stade préclinique de la maladie de Parkinson non repérable en vidéo, car la présentation très uniforme et inchangée de longue date chez ces cinq dignitaires plaide contre cette hypothèse.
John Wayne, Poutine : même combat
Fort de ces constats, il ne restait plus à ces neurologues qu’à
introduire le concept de « démarche de pistolero »,
comme dans les westerns. Le facteur étiologique majeur en serait
l'adhésion au KGB, ou au moins à une formation intensive au
maniement des armes au paradis soviétique.
En effet les manuels de formation du KGB apprenaient à leurs
recrues à se mouvoir le bras droit raide et le long du corps, pour
dégainer plus rapidement…
A l’appui de cette hypothèse, les auteurs notent que Poutine et Ivanov étaient des fonctionnaires du KGB, que Sidorov est membre de l'armée, que Serdioukov a servi dans l'armée soviétique pendant au moins un an et qu’il a été ministre de la Défense pendant cinq ans. Le cas le plus étonnant reste celui de Medvedev, à qui ils attribuent sa « démarche de flingueur » à un phénomène beaucoup plus courant : la volonté d’« imiter le patron » !
Les auteurs recommandent en conclusion d’inclure cette « démarche de flingueur » dans la liste des diagnostics différentiels du Parkinson…
Frédéric Haroche