Sur le site de la Faculté de Paris-Descartes, son doyen, Gérard Friedlander, évoque, dans un hommage au disparu, un enseignant qui « s’est beaucoup investi dans les programmes pédagogiques de la Faculté de médecine, en particulier dans les premières étapes de numérisation de l’enseignement et du suivi des stages des étudiants ».
Des motifs professionnels invoqués
De retour le 14 décembre dans son service après un arrêt maladie de plusieurs mois pour cause de dépression, le Pr Megnien ne supportait plus, selon plusieurs de ses collègues cités par différents organes de presse, « l’ambiance pesante » qui régnait à l’hôpital. Dès le vendredi matin, le directeur de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsh, a convoqué de manière extraordinaire un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).Ce dernier a également annoncé la saisine de la cellule d’analyse des suicides à qui « il appartiendra d’analyser les liens éventuels avec les conditions et l’environnement de travail » et de procéder à « une analyse complète des circonstances qui ont pu provoquer ce geste ».
Dans l’attente des conclusions des enquêtes administratives diligentées par la police et la direction de l’AP-HP, de fortes suspicions quant aux motifs professionnels qui auraient entrainé ce cardiologue de 54 ans à se donner la mort sont évoquées parmi ses collègues et amis. Certains auraient ainsi évoqué un « harcèlement moral » et alerté plusieurs mois auparavant la directrice de l’hôpital, Anne Costa, ainsi que Martin Hirsh de « risques suicidaires ».
Suicides : les professions de santé particulièrement exposées
Dans son premier rapport datant de novembre 2014, l’Observatoire national du suicide créé suite aux observations alarmistes du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur ce phénomène en France, montrait clairement que les taux de décès par suicide dans le secteur de la santé et de l’action sociale étaient particulièrement élevés quelle que soit la période étudiée (38 cas pour 100 000 entre 1997 et 2002).C’est d’ailleurs le taux le plus élevé en France chez les hommes salariés.
Concernant le nombre de décès par suicide survenus sur un lieu de travail, l’Observatoire avoue que les « comptabiliser avec précision est un exercice encore impossible aujourd’hui en France ». De même que « quantifier le nombre de suicides annuels liés à un problème professionnel est encore plus difficile ». Cependant, les rapporteurs reconnaissent que « le phénomène semble avoir pris une grande ampleur ces dernières années », même si « relier un décès par suicide, événement particulièrement chargé d’émotion, à une cause principale est toujours très complexe pour des raisons à la fois médicales, éthiques, culturelles et légales ».
De son côté, l'Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) note que si « les raisons d'un suicide sont toujours complexes à démêler », il faut également « accepter de rechercher d'éventuels facteurs liés au travail et adresser ainsi aux salariés le signal que des actions pour améliorer les conditions de travail sont possibles ».
Benoît Thelliez