
Paris, le mardi 26 janvier 2016- Les communiqués se succèdent pour dénoncer la multiplication de situations conflictuelles à l’hôpital et pour proposer quelques pistes d’amélioration, après « l’électrochoc » du suicide du professeur Mégnien à l’Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP). Ainsi, la semaine dernière, le Mouvement de défense de l’hôpital public (MDPH) signait un communiqué qui donnait quelques indications concrètes sur les situations de harcèlement au sein des établissements hospitaliers : « humiliations en public répétées, mises « au placard », sanctions arbitraires apprises par mail sans entretien préalable, espionnage du courrier, non-réponse aux lettres et aux demandes de rendez-vous, réduction des personnes à leur production de T2A ». Selon le MDPH, ces actes répétés font le lit d’une souffrance au travail qui serait particulièrement répandue dans les hôpitaux français.
Les conséquences délétères de la loi HPST
Face à cette situation, plusieurs principes sont rappelés par le MDPH. Il insiste notamment sur le fait que « Tout pouvoir nécessite un contre-pouvoir » et remarque que « Le contre-pouvoir ne peut pas se limiter au pouvoir du cran hiérarchique supérieur ». Aussi, les médecins réunis au sein de ce mouvement plaident pour la constitution d’une « commission des conflits composée de personnes indépendantes ». Par ailleurs, dans la lignée de nombreuses personnes s’étant exprimées sur ce point ces dernières semaines, le MDPH remarque que les critères retenus pour désigner les responsables d’équipe doivent évoluer pour mieux tenir compte des « qualités humaines » et de la capacité à conduire une équipe dans le respect de tous. Enfin, l’organisation estime que les conflits présents depuis toujours dans les hôpitaux se sont aggravés sous l’effet de la loi hôpital patient santé territoire (HPST) qui a conduit une minorité de directeurs à abuser de leur pouvoir accru et parfois à favoriser les situations de harcèlement nées de conflits entre praticiens. « Il est donc nécessaire de revenir à un pouvoir équilibré entre le pouvoir soignant et le pouvoir administratif » insiste le MDPH.
Des praticiens hospitaliers insuffisamment protégés
Dans la lignée de ce communiqué, Avenir Hospitalier et la Confédération des praticiens des hôpitaux, désormais réunis au sein d’Actions Praticiens Hôpital disent s’associer à ces préconisations. Les deux syndicats confirment que le suicide de Jean-Louis Mégnien « pose la question de la banalisation de la maltraitance institutionnelle dans nos établissements » et invite à reposer le mode de nomination des responsables médicaux. Ils insistent également sur le fait que ce drame rappelle l’insuffisante prise en charge des risques psychosociaux dans les établissements hospitaliers, notamment en ce qui concerne les praticiens hospitaliers, le plus souvent exclus de la médecine du travail.
Aurélie Haroche