
Paris, le samedi 13 février 2016 – Parfois, pour que la victoire soit plus glorieuse, il est plus majestueux de baisser les armes. Violetta est une guerrière. Elle vit dans une société où les femmes comme elles sont moquées, bannies. Mais elle n’en a cure. Elle jouit de sa beauté et de son succès. Pourtant, quand elle rencontre Alfredo, elle rend les armes. Elle renonce à cette liberté et à ce qui faisait le sel de sa vie. C’est une nouvelle guerre qui s’annonce. Une guerre pour pouvoir vivre son amour comme elle l’entend. Elle pense d’abord pouvoir l’emporter grâce à son argent. Mais ses richesses s’amenuisent et sa santé s’affaiblit. La tuberculose gagne de plus en plus de batailles sur elle. Le dernier combat est le plus amer : face à un père qui lui affirme qu’elle ne pourra jamais épouser son amour, face à un père qui lui assure qu’elle sera la ruine de celui qu’elle prétend aimer, elle se laisse convaincre que le plus glorieux des faits d’arme est de partir, de renoncer, de rompre. Et c’est la dernière descente aux enfers pour cette amazone désarmée, rattrapée par la phtisie et qui n’aura pour seule consolation que de revoir une dernière fois son aimé avant de succomber.
Une guerre chantée et déclamée actuellement sur la scène du Royal Opera House à Londres et qu’il est possible de voir en mars et en février dans plusieurs salles de cinéma françaises.
Ventre plein
Les héroïnes de Les Innocentes, dernier film d’Anne Fontaine, semblent à l’opposé de Violetta. Pourtant, elles sont elles aussi animées par un combat : celui de la foi. Les obstacles qui s’annoncent semblent insurmontables : dans la Pologne où est installé leur couvent, la religion est en train de devenir l’ennemi numéro un. Farouches, les jeunes religieuses sont déterminées à ne pas se laisser condamner. Mais un autre mal va les terrasser : des soldats soviétiques déferlent et violent les sœurs. Quand elle est appelée auprès d’elle, la jeune Mathilde (interprétée par Lou de Laâge), infirmière française chargée d’organiser à la fin de la seconde guerre mondiale le rapatriement de soldats français, découvre l’impensable. Plusieurs religieuses sont enceintes. Et plusieurs sombrent dans la folie, déchirées entre leur foi, le rejet de cette "salissure" et tout en même temps l’attachement pour la vie en devenir. Le film restitue avec une justesse pure les errements et les douleurs de ces femmes et le caractère héroïque de l’accompagnement de cette jeune infirmière (inspirée d’un personnage réel, Madeleine Pauliac).
Maison vide
Bien plus que Violetta ou que les sœurs violées du couvent polonais, Laurel Hester (interprétée par Juliane Moore, dans le film Free Love) présente une silhouette d’amazone. Ne porte-t-elle pas un pistolet à la ceinture ? Ne combat-elle pas depuis plus de 20 ans le crime et les délits au sein des services de police d’Ocean County ? Ce n’est cependant pas contre les truands de son quartier qu’elle mènera sa lutte la plus difficile. Jusqu’alors très discrète sur sa vie privée, Laurel Hester va révéler à ses collègues policiers qu’elle aime les femmes et qu’elle souhaite qu’après sa mort sa jeune compagne, Stacie (Elle Page) puisse recevoir sa retraite d’inspecteur de police, afin de lui permettre de conserver la maison qu’elles ont achetée ensemble. Laurel Hester est pressée de voir sa demande accordée : elle souffre d’un cancer du poumon en phase terminale. Cette requête, pourtant lancée au début des années 2000, va déclencher un tollé au sein de la communauté du New Jersey. Jusqu’à la victoire de l’amazone inspirée elle aussi d’un personnage réel et auquel Elle Page a rendu hommage : « Elles étaient d’un courage hallucinant : la plupart des gens ne s’engageraient pas dans ce genre de combat ».
Cinéma :
La Traviata, pour connaître les séances de la rediffusion de la représentation filmée en direct le 4 février à Londres : http://www.roh.org.uk/showings/la-traviata-live-2016 (du 11 février au 25 août 2016).
Les Innocentes, d’Anne Fontaine, 10 février 2016, 1h55
Free Love, de Peter Sollett, 10 février 2016,
1h44
Aurélie Haroche