Lors du congrès français de psychiatrie, le Pr D. Stein, d’Afrique du Sud, a présenté les données récentes concernant l’utilisation de l’étifoxine dans le trouble de l’adaptation avec anxiété. Le caractère supposément « banal » du trouble de l’adaptation est sans doute à l’origine de la relative pauvreté de la littérature sur ce sujet, en particulier sur la question de la prise en charge. Pourtant, en plus d’être une pathologie très fréquente, il est rappelé que près d’un tiers des suicides des sujets jeunes est associé à un trouble de l’adaptation.
Le traitement le plus utilisé reste les benzodiazépines, en particulier en France. Aucun essai thérapeutique évaluant une benzodiazépine contre placebo n’a cependant été publié à ce jour dans cette indication.
L’étifoxine, anxiolytique non-benzodiazépinique , de demi-vie courte - a fait l’objet de trois essais thérapeutiques dans le trouble de l’adaptation avec anxiété, avec des méthodologies proches :
- Comparée à la buspirone (15 à 20 mg/j), l’étifoxine (150
à 200 mg/j) a été retrouvée supérieure dans un essai de 28 jours
(Servant, 1998).
- Dans un essai de non-infériorité, l’étifoxine (150 mg/j)
était équivalente à une benzodiazépine, le lorazepam (2 mg/j), avec
une plus grande proportion de patients répondeurs (72 contre 56 %),
sur une durée de 28 jours (Nguyen, 2006).
- Enfin, dans un nouvel essai de non-infériorité (2015)
comparant l’étifoxine (150 mg/j) avec l’alprazolam (1,5 mg/j) - la
benzodiazépine la plus prescrite en France - il a été retrouvé une
diminution importante du niveau d’anxiété dans les 2 groupes, en
faveur de l’alprazolam à 28 jours, mais favorable à l’étifoxine une
semaine après l’arrêt des traitements, témoignant d’un rebond
anxieux après l’arrêt de la benzodiazépine alors que l’effet
anxiolytique de l’étifoxine perdure. Le profil de tolérance était
favorable à l’étifoxine, avec 2 fois plus d’effets indésirables
avec l’alprazolam, en particulier concernant la vigilance, et les
troubles mnésiques (Stein, 2015).
Au total, le trouble de l’adaptation avec anxiété reste une pathologie peu étudiée, et dont la prise en charge ne fait pas l’objet de recommandations claires. Les benzodiazépines restent largement prescrites, en dépit des inconvénients à court terme (baisse de vigilance, troubles mnésiques…) et à long terme (dépendance). Ainsi, l’étifoxine se présente comme une alternative aux benzodiazépines, avec un bon profil de tolérance.
Dr Alexandre Haroche