La prévalence de la pancréatite chronique est de 26/100 000 avec une incidence qui varie de 5 à 10/100 000/an dans les pays occidentaux. Il s'agit cependant d'une pathologie très complexe avec de multiples lésions: lésions inflammatoires du pancréas exocrine, destruction des acini, fibrose périlésionnelle, lithiases intracanalaires et/ou dilatation des canaux, atrophie parenchymateuse. Et, l’on dispose en fait de très peu de données sur l'épidémiologie de cette affection et sur les causes. C'est le cas également en Belgique où aucune cartographie des complications, de l'évolution naturelle et, du traitement de cette maladie, n’était jusqu’à présent disponible.
D’où l’intérêt de cette étude multicentrique prospective observationnelle regroupant 8 centres qui ont inclus 809 patients (dont 15 enfants de < 16 ans) en un an entre septembre 2014 et août 2015. L'âge moyen des patients majoritairement masculins (74 %) était de 46 ans et il étaient suivis en moyenne depuis 9 ans.
Il en ressort que l’origine de ces pancréatites est essentiellement toxico-métabolique (69 %) et dans une moindre mesure idiopathique (17 %) ou génétique (4 %). Les cliniciens n’ont retrouvé plusieurs facteurs de risque que dans une proportion minoritaire de cas (1,8 %). Par ailleurs, si les patients atteints arrêtent généralement la consommation d'alcool (18 % de consommateurs persistants), le tabagisme reste majoritaire (54 %). Les bénéfices de la non-consommation d'alcool sont cependant bien marqués : poids plus élevé, score Izbicki (qui évalue la douleur) plus faible et moindre handicap au travail. Les deux premières données se retrouvent aussi chez les non-fumeurs. Autre constat, un diabète de type 2 est présent beaucoup plus fréquemment chez les patients dont la pancréatite chronique est d'origine toxique.
Sur le plan clinique, le score Izbicki médian atteint 96 (le score varie de 0 à 195) tandis que le score analogique visuel de la douleur est de 30 sur une échelle de 100. L'IMC médian de ces patients atteint 23 en moyenne avec une perte de plus de 10 % au cours des 6 derniers mois chez 19 % d'entre eux.
La prise en charge est essentiellement de type endoscopique (86 % des cas), mais lorsqu'elle est d'emblée chirurgicale (25 % des 114 cas recensés), le score Izbicki reste remarquablement bas, ce qui n'est pas le cas lorsque la prise en charge endoscopique est toujours en cours. Les auteurs ont également constaté une très forte disparité entre centres en termes de fréquence de la chirurgie (de 5 à 38 %). L'étude est toujours en cours pour ce qui concerne l'évaluation des complications.
Dr Dominique-Jean Bouilliez
