
New-York, le samedi 19 mars 2016 - Bien qu’il paraisse
difficile de quantifier le bonheur, notion éminemment vague, l’ONU,
depuis 2012, avec son "World Happiness Report", se plie à cet
exercice incongru. Le classement que l’organisation internationale
présente cette semaine en marge de la « journée internationale
du bonheur » prévue pour le 20 mars, apparaît d’ailleurs pour
le moins étonnant.
Il se base sur des sondages effectués sur plusieurs centaines de
personnes dans 156 pays. Les répondants devaient se situer sur une
échelle de 0 à 10 dans divers domaines : richesse, espérance de
vie, générosité, aides sociales, liberté, corruption.
Tout n’est pas si pourri au royaume du Danemark
Le Danemark a repris son titre de pays dont les habitants sont
les plus heureux, reléguant la Suisse au deuxième rang.
Les pays nordiques et scandinaves trustent les dix premiers places,
on y compte ainsi outre le Danemark, l'Islande, la Norvège, la
Finlande, la Suède. Les Etats-Unis se situent pour leur part en 13e
position, la France seulement au 32e rang.
En queue de peloton, on retrouve le Burundi, pays plongé dans une
grave crise émaillée de violences depuis que le président Pierre
Nkurunziza a annoncé sa candidature en avril 2015 pour un troisième
mandat, juste derrière la Syrie.
Vingt-cinq des trente dernières places sont occupées par des pays africains.
Est-on plus heureux en Arabie Saoudite qu’en Italie et en Grèce ?
À seulement deux places de la France, on trouve l’Arabie
Saoudite (34e)…alors que l’Italie arrive à la 50e place, et que la
Grèce, touchée par une crise économique et migratoire est le pays
qui a connu la plus importante dégringolade depuis la dernière
étude du genre pour se retrouver à la 99e place !
Cette trente-deuxième place saoudienne a de quoi étonner. Peut-on
imaginer que l'absence quasi totale de liberté qui y règne (peine
de mort pour délit d’opinion, apostasie ou homosexualité pour ne
citer que les manquements les plus criants), ait conduit les
répondants à taire quelques opinions négatives et introduire un
biais de taille dans cette intéressante "étude"?
On se demande d'ailleurs pourquoi, les syriens risquent leur vie pour rejoindre la Grèce ou l'Italie au lieu de rêver d'Arabie Saoudite ?
Voilà qui décrédibilise pour le moins ces travaux et peut-être leur commanditaire...
Frédéric Haroche