
Paris, le samedi 19 mars 2016 – Il y a foule dans ces trois films, dont les titres mêmes évoquent la solitude. Et pourtant, ils parviennent avec justesse à retranscrire la souffrance de l’isolement. Il y a la solitude ordinaire et invisible. Celle de ses millions de gens anonymes, vivant cachés dans nos villes et qui s’éteignent seuls. Cynthia a ainsi conduit ses chiens chez une voisine avant de mourir à l’hôpital. Mais qui était Cynthia ? A qui confier ses affaires ? A qui confier l’annonce de sa disparition ? Pursuit of Loneliness, film en noir et blanc du réalisateur britannique Laurence Thrush est l’histoire d’une quête, celle conduite par les infirmières et les fonctionnaires de l’hôpital où Cynthia est morte pour remonter le fil de sa vie et trouver quelqu’un. Dans un mélange entre images documentaires et de fiction, dans un télescopage entre le récit de cette recherche et des flash back montrant le dénuement et l’isolement de Cynthia, le film porte en creux le témoignage de la solitude. Il parvient à faire ressentir ses âpretés, ses douleurs et ses errements.
Sur le pallier
Il y a la solitude prison. Celle que façonne la maladie mentale. La solitude à la fois protection contre le monde et condamnation. Ainsi est Solange, l’héroïne de l’étrange et parfois loufoque Solange et les vivants. Solange, qui est dans la vie une jeune femme postant régulièrement des vidéos d’elle sur You Tube (mais qui s’appelle dans la réalité Ina Mihalache) souffre de multiples phobies et notamment d’une grave claustrophobie. Son seul refuge : son petit appartement. Son seul échappatoire : internet. Pourtant, Solange va être distraite de sa solitude et de sa maladie par quelques vivants osant s’aventurer jusqu’à elle et tentant de soigner ses maux. Le tout donne une œuvre parfois agaçante, presque drôle et souvent déroutante.
Sur la pelouse
Il y a la solitude activiste. Cet état dans lequel vous jette votre combat, votre opposition, votre dénonciation de la doxa. Bennet Omalu, médecin légiste d’origine africaine, vivant aux Etats-Unis n’imaginait pas qu’elle deviendrait son sort. Pourtant, c’est Seul contre tous, comme le clame le titre du film de Peter Landesman qu’il va se battre contre la très puissante fédération du football américain pour faire reconnaître l’existence et la gravité d’une maladie frappant les footballeurs : l’encéphalopathie traumatique chronique. Minutieux et s’inspirant avec une grande fidélité de l'expérience réelle du praticien, le film retrace le combat solitaire du docteur Omalu interprété par Will Smith qui a pris grand soin de reproduire jusqu’à l’accent nigérien du médecin, qui participa à son dénigrement. Seule ombre au tableau : la longueur du film (au-delà de deux heures) vous fera peut-être ressentir une once de solitude.
Cinéma :Pursuit of Loneliness, de Laurence Thrush, 9 mars, 1h36
Solange et les vivants, d’Ina Mihalache, 9 mars, 1h07
Seul contre tous, de Peter Landesman, 9 mars, 2h07
Aurélie Haroche