Attentats de Bruxelles : le traumatisme ravivé pour les victimes françaises

Paris, le jeudi 24 mars 2016 – Ils s’y attendaient : les psychiatres qui ont pris en charge les victimes des attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre à Paris ont reçu de nombreux appels depuis le 22 mars, alors que des attaques simultanées étaient perpétrées à Bruxelles. Bien sûr, depuis le drame du 13 novembre, d’autres villes ont été touchées. Cependant, la proximité culturelle et géographique de la capitale belge en majore l'impact. La confrontation avec un événement semblable à celui qui est à l’origine d’un syndrome de stress post traumatique peut entraîner « une réminiscence des symptômes » constate dans les colonnes de 20 minutes, Christian Navarre psychiatre au centre hospitalier de Rouvray. « Les survivants ont fait un travail depuis le 13 novembre pour recommencer à vivre avec les souvenirs de ce qu’ils ont vécu et vu. Même si les événements n’annulent en rien tout ce travail, on peut un peu retourner en arrière » ajoute-t-il. La réapparition de certains symptômes est ainsi à redouter pouvant aller de l’anxiété jusqu’à des flashbacks ou des crises d’angoisse. Difficile de se prémunir contre une telle situation : éviter toute exposition aux médias apparaît illusoire, même si la recherche effrénée des images et des vidéos est sans doute délétère.

Après coup

Il est également possible que, chez certaines personnes directement exposées aux attentats du 13 novembre, qui jusqu’à aujourd’hui n’ont pas présenté de troubles psychologiques marqués, ces attaques perpétrées contre Bruxelles déclenchent un stress post traumatique. « On a vu des personnes exposées, directement aux attentats de janvier 2015 en France, à Charlie Hebdo ou à l’Hyper Cacher, qui n’ont pas développé par la suite de tels symptômes, mais chez qui ils sont apparus après les attentats de novembre 2015. Ils n’avaient jamais consulté avant novembre, car ils n’exprimaient pas de plainte. C’est ce qu’on appelle la décompensation de l’après coup », remarque interrogé par le Monde, Thierry Baubet, responsable de la cellule d’urgence médico-psychologie de Seine-Saint-Denis (hôpital Avicenne). Cette situation impose dont de rappeler que les personnes exposées ne doivent jamais considérer qu’il est trop tard pour consulter. Les attentats de Bruxelles ne doivent pas plus les conforter dans l’idée, souvent exprimée, que leurs plaintes ne sont pas légitimes, face à la mort et aux blessures physiques graves des autres victimes.

Il peut être bon d’avoir peur

Chez les sujets non directement exposés, des attentats, tels ceux subis par la France ou la Belgique ne peuvent provoquer d’état de stress post traumatique, mais générer des réactions anxieuses, le plus souvent transitoires rappellent l’ensemble des psychiatres. Néanmoins, un sentiment de peur tend à s’ancrer dans la société, une peur non seulement compréhensible et légitime, mais qui pourrait également être « utile » remarque Christian Navarre. « Nous commençons à vivre comme dans les pays en guerre, ou comme les Français vivaient durant la Seconde guerre mondiale avec la peur des bombardements. Cette peur n’est pas pathologique : elle est adaptée à une situation où le risque n’est pas nul. Avoir conscience du danger permet de s’y préparer et de mieux gérer son stress : ce qui fait le traumatisme, c’est la surprise et la brutalité de l’événement. Plus on l’anticipe, en apprenant quoi faire dans ces situations, plus on aura de chances de ne pas subir le traumatisme de plein fouet » affirme-t-il.

Aurélie Haroche

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