
Paris, le jeudi 14 avril 2016 – Toutes les enquêtes conduites par les syndicats de médecins libéraux ou par le Conseil de l’Ordre retrouvent systématiquement l’accroissement des tâches administratives en tête des préoccupations des praticiens. L’envahissement des formulaires, la multiplication des coups de fil à donner et autres démarches sont autant d’empiètement sur le temps médical et contribuent à miner l’enthousiasme des médecins. Aussi, pour les organisations, cette question doit être un thème central des actuelles négociations conventionnelles.
L’emploi d’une secrétaire n’est pas insurmontable
Le sujet a été clairement abordé hier lors d’une nouvelle réunion. L’Assurance maladie s’est révélée prête à « valoriser » l’emploi de secrétaires coordinatrices dans le cadre d’une rémunération forfaitaire dédiée au suivi de la patientèle. Pour la CNAM, aujourd’hui, l’emploi d’une secrétaire n’est pas incompatible avec les revenus des médecins, à condition qu’ils ne soient pas isolés. Dans les cabinets de groupe, la mutualisation des charges autorise « l’emploi d’un secrétariat sans perte de revenu à partir de deux médecins et avec revenu supplémentaire à partir de trois médecins » a calculé l’Assurance maladie. Néanmoins, elle est prête à faire un geste, à la condition que les nouvelles secrétaires ne se contentent pas de prendre les rendez-vous mais puissent également assurer la gestion des cas complexes. Il s’agirait, selon un exemple donné par les responsables de la CNAM et cité par Les Echos, d’aider les patients à organiser l’intervention d’une aide à domicile, de professionnels de santé paramédicaux et même de trouver une aide ménagère. On rappellera qu’aujourd’hui, 56 % des médecins généralistes bénéficient d’un secrétariat médical et que dans 72 % des cas la secrétaire procède à des appels téléphoniques à la demande des praticiens.
Télémédecine : des souhaits mais peu de moyens
Outre ces questions ayant trait à l’organisation des cabinets, le développement de la télémédecine était également à l’ordre du jour des discussions hier. Il a notamment été question du déploiement du dossier médical partagé et de la messagerie sécurisée des professionnels de santé, autant de dossiers considérés par beaucoup comme des arlésiennes. La CNAM a également insisté sur son souhait de voir se développer de nouveaux projets de télémédecine. Cependant, le quota maximum de trois téléconsultations par patient et par an pourrait représenter un frein certain !
Des sujets qui fâchent davantage
Prégnants, les thèmes abordés hier étaient cependant moins sensibles que ceux qui occupaient les négociateurs la semaine dernière, qui se penchaient sur la cotation des actes techniques. La CNAM a en effet abattu ses cartes en annonçant que les hausses de tarif seraient sans doute compensées par des baisses parallèles. Evidemment, une telle optique fait bondir les syndicats. La Fédération des médecins de France (FMF) a sévèrement rappelé que « toutes les spécialités cliniques souffrent d’une absence de revalorisation réelle de leurs honoraires », tandis que le Bloc affirme que « l’obstétrique est sinistrée et la chirurgie ne se maintient à flot que par les compléments d’honoraires ». La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et le Syndicat des médecins libéraux (SML) s’inscrivent sur cette même ligne de refus de toute baisse des tarifs. Ainsi, si les rencontres se succèdent dans un climat serein (en apparence), les syndicats demeurent extrêmement vigilants et affichent leur détermination à rejeter toute proposition qui pourrait signifier de nouveaux reculs pour les praticiens libéraux.
Aurélie Haroche