La semaine de la vaccination sera-t-elle le point de départ de la grande concertation annoncée ?

Paris, le jeudi 14 avril 2016 – Du 25 au 30 avril sera organisée partout dans le monde la Semaine de la vaccination. Initiative de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette opération de sensibilisation, déclinée à travers des conférences, des programmes de sensibilisation diffusés sur le web et autres réunions dans les hôpitaux, aura cette année pour thème la « mise à jour des vaccins ». De fait, de nombreuses enquêtes mettent en évidence que si les primo vaccinations sont bien connues et souvent respectées, la réalisation des rappels, notamment chez l’adulte, présente de nombreuses lacunes. Des données de l’Institut national de veille sanitaire (INVS), qui remontent cependant à plus de dix ans, signalent par exemple que chez l’adulte la couverture vaccinale est de 71 % contre le tétanos, de 42 % contre la poliomyélite et de 34 % contre la diphtérie !

Calendrier vaccinal : simplification et innovation

Ce thème sera également l’occasion de rappeler les innovations du calendrier vaccinal, récemment dévoilé. Les modifications ont été peu nombreuses mais s’inscrivent toujours dans un souci de simplification et de clarification, objectifs poursuivis depuis quelques années pour répondre à certaines interrogations des patients. Ainsi, concernant la vaccination contre la fièvre jaune, le rappel n’est désormais plus considéré comme nécessaire pour les résidents du département de la Guyane et les sujets souhaitant s’y rendre (âgés de plus de deux ans). On retiendra par ailleurs que la vaccination contre le zona est désormais recommandée chez les adultes de 65 à 74 ans (révolus).

Un débat qui se fait attendre et déjà très critiqué

Beaucoup espèrent que cette future semaine de la vaccination ne sera pas uniquement l’occasion de faire le point sur les recommandations vaccinales actuelles mais permettra également d’ouvrir enfin la grande concertation citoyenne promise au mois de janvier par le ministère de la Santé. Alors que le calendrier initialement dessiné par le ministère laissait envisager une ouverture du portail destiné à recueillir les contributions des citoyens au mois de mars, celle-ci se fait toujours attendre. Ceux qui raillent l’hypocrisie du ministre de la Santé, soupçonné de n’encourager la démocratie sanitaire qu’en apparence, y voient un très mauvais signe. Secrétaire général de la Conférence nationale de santé (CNS) démissionnaire, Thomas Dietrich affirmait ainsi la semaine dernière à l’occasion d’une conférence de presse organisée par le député européen écologiste Michèle Rivasi : « Ce site de contribution n’est même pas construit ». Il soupçonnait par ailleurs un « problème de méthode » peu propice à la réunion des « conditions nécessaires à un vrai débat public autour de la vaccination ». De même, l'absence d’instances indépendantes dans l’organisation du débat ne pourra à ses yeux que contribuer à accroître la « méfiance autour de la vaccination ».

Des couvertures vaccinales plutôt satisfaisantes chez le nourrisson

Cette méfiance redoutée par tous ne s’observe pas encore dans les chiffres de la couverture vaccinale. Selon des données présentées en août 2015 par l’INVS, le bilan, chez l’enfant, est plutôt satisfaisant, même si certaines zones d’ombre subsistent. Concernant les couvertures des enfants nés en 2011 (et âgés de 24 mois) contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la coqueluche, les taux dépassent les 90 %. Ils les frôlent en ce qui concerne Haemophilus influenzae. On observe par ailleurs une progression de l’immunisation contre l’hépatite B (elle atteint aujourd’hui 80 % chez les enfants de deux ans) et contre la rougeole (elle a augmenté de 10 % par rapport à 2008 mais plafonne à 73 %). Une augmentation est également constatée en ce qui concerne la couverture contre le méningocoque C : 64 % des enfants de deux ans étaient vaccinés en décembre 2014, contre 48 % trois ans auparavant. Les taux demeurent cependant très faibles chez l’adulte (5,4 % fin 2014). A contrario, le recours au vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) et la grippe continue à décroitre. Si ces différentes tendances mettent donc en évidence que la défiance signalée par de nombreux experts n’a pas encore d’impact réel sur la pratique de la vaccination (en tout cas celle des nourrissons), les chiffres plus récents concernant les volumes de vente en baisse, les problèmes de pénurie chroniques et l’attitude de la population vis-à-vis des affaires présentées comme des "scandales" incitent à la vigilance et rendent d’autant plus nécessaire des initiatives telles que la Semaine de la vaccination.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (1)

  • Démocratie sanitaire !

    Le 17 avril 2016

    Ce débat public sur la concertation citoyenne est une scandaleuse mascarade. Aussi nous allons faire en sorte de porter le débat sur la place publique et sans les institutions sanitaires asservies au lobby pharmaceutique.

    Serge Rader

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