
Londres, le samedi 30 avril 2016 – La Grande-Bretagne a été confrontée à un mouvement de grève inédit : la quasi-totalité des 45 000 internes en médecine ont cessé le travail pendant deux jours pour protester contre une réforme de leur statut. Le ministre de la Santé, Jeremy Hunt a eu des mots très durs à l’égard de cette action. « Le public sera extrêmement déçu que les professionnels de santé mettent en péril les patients » a-t-il notamment averti. La British Medical Association (BMA) a fortement regretté que le gouvernement tente d’altérer l’image des jeunes praticiens auprès du grand public. Cependant, avant même l’intervention du ministre, le soutien des patients montrait déjà de nombreux signes d’affaiblissement.
Un serment bafoué
Le National Health Service (NHS), en dépit d’une amélioration notable ces dernières années et de sa quasi-totale gratuité, ne jouit en effet pas d’une parfaite réputation auprès des britanniques. Aussi, la grève de cette semaine qui fait suite à plusieurs mouvements ponctuels (qui cependant n’avaient pas affecté les urgences) n’a fait que renforcer la déception et le ressentiment des patients. Le témoignage d’une femme enceinte publiée dans le Telegraph a révélé la colère suscitée par cette grève chez les Britanniques. Sharlene Peppard qui doit prochainement donner naissance à son septième enfant a en effet évoqué combien la cessation totale du travail des internes représentait une source d’inquiétude majeure pour elle, à l’approche de son accouchement. Elle se montre d’autant plus préoccupée que les récentes grèves ont déjà eu un impact sur le suivi de sa grossesse. Après près de quatre heures d’attente, elle avait ainsi renoncé à une consultation au cours de sa vingtième semaine de grossesse, retardée en raison d’un mouvement de protestation des internes. Par ailleurs, la prise en charge de son hypertension a également souffert de la désorganisation des soins. « Ma santé et celle de mon enfant sont dans leur main et je me sens si démunie. Ils ont prêté serment de protéger les autres. Mais qu’en est-il réellement ? Je ne me sens pas réellement bien prise en charge », témoigne-t-elle. Des mots très durs qui ont été très largement repris et qui semblent refléter en grande partie le sentiment de nombreux Britanniques.
Des représentants de patients « furieux »
Alors que les internes ont repris le travail, le retour à la normale n’est cependant pas parfait dans les hôpitaux où un week-end prolongé fait craindre de nouvelles perturbations. Aussi, le NHS a appelé les Britanniques à éviter de nouveau le plus possible les recours non nécessaires aux services hospitaliers. Une recommandation qui rend Joyce Robin de l’association Patient Concern « furieuse » dans les colonnes de The Independent. « De très nombreux patients se sont déjà retenus de venir demander conseil et assistance durant la grève. Certains ont déjà vu leur prise en charge altérée par les précédentes grèves. On leur demande à nouveau d’éviter les recours aux soins. Je redoute fort des conséquences graves de cette situation » a-t-elle alerté.
Aurélie Haroche