
Le fameux « effet week-end » a fait, depuis quelques années, l’objet de très nombreuses publications. Ces travaux suggèrent que les patients, hospitalisés le week-end ou la nuit pour infarctus, accident vasculaire cérébral (AVC) ou autres urgences, auraient un moins bon pronostic. Ces études ont généralement comparé les admissions du week-end à celles des jours de semaine, ou les admissions diurnes à celles ayant lieu pendant la nuit. Cela laisse penser que, par ailleurs, les autres jours de la semaine et à toutes les heures de la journée, les prises en charge ont une qualité toujours identique. Mais, n’existerait-il pas d’autres variations au cours de la semaine ou de la journée ?
C’est ce qu’a voulu savoir une équipe du Royaume-Uni, en réalisant une étude de cohorte chez des patients adressés en urgence pour AVC, dans 199 centres hospitaliers. L’étude a porté sur une année et a concerné 74 307 patients.
Quatre indicateurs de qualité des soins varient au cours de la journée
Il apparaît que la qualité des prises en charge varie tout au long de la semaine, et non pas seulement entre la semaine et le week-end. La qualité des soins varie aussi dans une même journée, selon l’heure d’admission et les différences ne concernent pas seulement les soins de jour par rapport à ceux de nuit. Quatre indicateurs de qualité des soins varient au cours de la journée : il s’agit de la rapidité de la thrombolyse, de la possibilité d’obtenir un scanner dans les 12 heures suivant l’admission, de la possibilité de l’obtenir dans l’heure suivant l’admission et enfin du dépistage d’une dysphagie dans les 4 heures. Il apparaît par exemple qu’un patient admis le matin a plus de chance d’avoir un scanner dans l’heure qui suit son admission que s’il est admis l’après-midi.
Et 6 selon le jour de la semaine
La qualité de 6 autres indicateurs varie selon le jour de la semaine. Cette différence entre la semaine et le week-end pouvait être due à la disponibilité variable d’un médecin et d’une infirmière spécialistes des AVC. Mais il pouvait s’agir aussi de différences entre les jours de la semaine, comme pour les patients admis le jeudi ou le vendredi, qui ont moins de chance d’être vus rapidement par un kinésithérapeute, ou d’être dépistés pour des troubles de la déglutition ou du langage.
D’autres critères de qualité sont moins bons à la fois le week-end et la nuit, comme la thrombolyse en moins de 60 minutes. Pour d’autres critères, enfin, la qualité s’améliore progressivement au cours de la semaine puis se détériore le week-end, ce qui aboutit, par exemple, au fait que les patients arrivant aux urgences le lundi ont la plus faible probabilité d’être admis dans un service spécialisé dans les AVC dans les 4 heures suivant leur arrivée.
En analyse ajustée, il n’apparaît toutefois aucune différence dans la survie à 30 jours selon que les patients sont admis pendant la semaine ou le week-end. La survie est, en revanche, inférieure pour les patients admis la nuit pendant les week-ends (OR ajusté :0,90 ; IC95% : 0,82 à 0,99).
Cette étude montre que les variations constatées dans la qualité des prises en charge ont sans doute des causes multifactorielles qui, selon les auteurs, ne peuvent se réduire à un problème d’insuffisance des équipes ou au manque de lits disponibles pendant la nuit ou le week-end. Ils estiment que le concept d’« effet week-end » est la simplification d’un problème bien plus complexe et ne représente qu’une partie des variations survenant dans la qualité des soins.
Dr Roseline Péluchon