A Boston aux Etats-Unis, 2 centres universitaires ont étudié le phénotype, en terme de nombre de nævus, de 566 patients opérés d’un mélanome. Le nombre de naevus comptés a conduit à répartir les sujets en 3 groupes : ceux qui en avaient de 0 à 20, ceux qui en avaient de 20 à 50 et ceux qui en avaient plus de 50. De la même façon, trois catégories ont été distinguées en fonction du nombre de naevus cliniquement atypiques : ceux qui n’en avaient pas, ceux qui en avaient de 1 à 5 et ceux qui en avaient plus de 5. Les patients ont été également « stratifiés » selon que leur mélanome était de moins de 2 mm d’épaisseur et de plus de 2 mm d’épaisseur. Enfin, ils étaient classés en 2 groupes d’âge : ceux de moins de 60 ans et ceux de 60 ans ou plus.
Dans cette population dont l’âge moyen était de 56,7 ans et dont 39 % étaient des femmes, on observe que 66 % de ces patients avaient moins de 20 nævus, 20 % en avaient de 20 à 50 et 13 % en avaient plus de 50. On ne retrouvait pas de nævus atypique chez 73 % de ces patients, 1 à 5 chez 14 % et plus de 5 chez 12 %.
Surveiller surtout les nævus atypiques
L’analyse des différents groupes de patients décrits ci-dessus montre que curieusement, chez les patients âgés de moins de 60 ans, la présence de plus de 50 naevus est associée avec un risque fortement réduit d’avoir un mélanome épais mais que la présence de plus de 5 nævus atypiques par rapport à l’absence de nævus atypique est associée avec une augmentation de l’épaisseur du mélanome.
Cette enquête conclut finalement que la plupart des patients avec des mélanomes ont peu de nævus et pas de nævus atypique. Cependant, chez les plus jeunes d’entre eux (moins de 60 ans), les mélanomes épais sont plus fréquemment observés lorsqu’il y a peu de nævus et mais plusieurs nævus atypiques.
En d’autre terme, patients et médecins ne doivent pas considérer un nombre total de nævus élevé comme la seule raison de pratiquer un examen de la peau ou de s’estimer à risque élevé de mélanome. C’est en effet surtout la surveillance et le dépistage des nævus atypiques qui doivent être privilégiés afin de détecter des mélanomes potentiellement plus épais et dont le pronostic est moins bon.
Dr Patrice Plantin