
Cependant, en raison des contraintes budgétaires, l’Assurance maladie pose plusieurs conditions à cette revalorisation tarifaire.
Le CAS comme variable d’ajustement, air connu
Celle-ci ne pourrait s’appliquer qu’aux seuls médecins généralistes de secteur 1 et à ceux adhérents aux contrats d’accès aux soins (CAS). Cette solution serait préférée à une autre option étudiée : supprimer la MPC et permettre à tous les médecins, généralistes et spécialistes de coter 25 euros. Outre le fait qu’elle soit plus coûteuse, cette hypothèse n’est pas privilégiée par l’UNCAM parce qu’elle offrirait un avantage aux médecins de secteur 2 non adhérents au CAS, qui jusqu’à aujourd’hui ne peuvent appliquer la MPC et dont les consultations sont donc remboursées sur la base de 23 euros (et non 25 euros pour les autres spécialistes). Or, l’UNCAM préférerait s’orienter vers un schéma qui contribuerait à « valoriser l’engagement des médecins dans la pratique de tarifs opposables au bénéfice des assurés sociaux ». Cette distinction entre les praticiens qui fait écho à celle suggérée par Marisol Touraine concernant l’amélioration des allocations maternité versées aux médecins libéraux pourrait soulever la colère de certains syndicats, voire créer entre eux des dissensions.Un équilibre nécessaire
Les autres conditions posées par l’UNCAM sont également de nature à soulever la controverse. La revalorisation de deux euros avancée par l’Assurance maladie représentant un coût annuel entre 569 et 737 millions d’euros, une telle mesure ne permettra pas de répondre à d’autres revendications concernant notamment la revalorisation des actes cliniques. Pourtant, les syndicats font valoir que c’est la faiblesse de leur cotation qui fait le lit des dépassements d’honoraires que l’Assurance maladie entend pourtant combattre. Toutefois, la question particulière des actes des spécialistes devrait être abordée la semaine prochaine. Il doit être également proposé de remplacer les rémunérations forfaitaires actuelles concernant la prise en charge des sujets âgés et de ceux atteints d’affection longue durée par une « rémunération unique dédiée au suivi de la patientèle du médecin traitant ». Est également à l’étude une majoration pour les praticiens comptant un nombre de patients relevant de la CMU-C plus élevé que la moyenne. L’Assurance maladie pourrait en outre proposer de transformer les quatre niveaux de consultation existant actuellement en pédiatrie en trois niveaux plus élevés (25, 30 et 46 euros).Aucune de ces propositions, qui doivent désormais être discutées avec les syndicats, n’est cependant définitive a averti l’Assurance maladie, consciente que les discussions ne font que commencer. L’Assurance maladie précise qu’un « équilibre global » doit être trouvé et n’a en outre pas précisé du calendrier.
Des syndicats divisés
Les demandes des syndicats allaient, pour certaines, bien au-delà de ces 25 euros, mais les négociateurs sont conscients que l’Assurance maladie ne pourra atteindre les seuils suggérés dans l’idéal. Mais déjà, deux attitudes se dessinent face aux hypothèses dessinées. Dans le Parisien, Claude Leicher, patron de MG France semble se féliciter de cette première étape, tout en étant en attente d’une « revalorisation des rémunérations forfaitaires ». Du côté de Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), le ton est bien moins consensuel. Après avoir ironisé hier soir sur le caractère "révolutionnaire" de cette proposition sur Twitter, il l’a jugée insuffisante ce matin sur les ondes de RTL. « Le prix moyen d’une consultation en Europe est de 40 euros » a-t-il rappelé avant d’évoquer de nouveau son souhait d’un « plan Marshall pour revaloriser la médecine libérale ». « Le gouvernement est en campagne, c’est la grande distribution, mais ces deux euros ne vont rien changer (…). On demande bien plus que 25 euros » a encore martelé Jean-Paul Hamon.Aurélie Haroche