Famille, je vous aime !

Paris, le samedi 11 juin 2016 - Règlement de compte ou déclaration d’amour, l’art est souvent un mausolée dédié aux relations familiales, aux liens filiaux. Sur tous les tons, sur toutes les formes, auteurs et réalisateurs aiment à dire d’où ils viennent et surtout évoquer ceux et celles qui les ont fait. Le film de Kamini, chanteur passé à la réalisation est pour sa part empreint de tendresse. Bienvenue à Marly Gomont sorti dans les salles cette semaine est l’évocation enthousiaste de son père, congolais, installé dans une petite ville de la banlieue parisienne comme médecin généraliste. Dans la France des années 70, la population se montre d’abord très rétive avec cet homme noir qui promet de les soigner. Sans virulence, Kamini revient sur ce racisme ordinaire en donnant un exemple réjouissant "d’intégration", mais surtout en signant un tendre hommage à son père et à sa famille.

Le silence de mon père

Il y a plus de grincements et de souffrances, mais beaucoup d’admiration également dans le roman paru il y a quelques mois du médecin et écrivain Martin Winckler, qui évoque lui aussi le déracinement et l’intégration dans un nouveau monde. Abraham et fils raconte le face à face déroutant entre un père médecin, et son fils, au moment de leur arrivée en France après leur départ d’Algérie marqué par un drame qui a rendu l’enfant de 10 ans amnésique. Difficilement le dialogue doit s’installer entre les deux hommes, dépasser les silences et les deuils, sans y parvenir parfaitement, des tâtonnements et des non dits inspirés librement de sa propre histoire que décrit avec justesse la plume de l’auteur.

Le fardeau de ma mère

Un portrait de famille, d’un père ou d’une mère, échappe rarement à une convocation du deuil. La mort ou la menace de la disparition planent presque toujours. Elles sont omniprésentes dans Ma Ma, film porté par la grâce de Pénélope Cruz. L’actrice offre sa lumière à une œuvre qui pêche par une déferlante de drames (le diagnostic de cancer du sein annoncé peu après que son mari l’ait quitté… et avant qu’elle ne se découvre enceinte d’un homme qui vient de perdre sa femme et sa fille !) dont on peine finalement à s’imprégner, tant le trait est forcé. Demeure un vibrant hommage, une fois encore, au dévouement maternel et à la force qui animerait les mères face à la maladie et au souhait de porter la vie.

Le temps des secrets

Le ton est bien moins sucré dans la série diffusée sur Arte en ce mois de juin, Les Héritiers. Cette fiction danoise cynique, qui se révèle de plus en plus captivante d’épisode en épisode dénoue les rapports très compliqués entre une mère condamnée par un cancer du sein et ses enfants. Après la mort de la matriarche, les rapports se compliquent quand une héritière imprévue déjoue les prévisions des trois enfants "légitimes". Glaçant.

Cinéma :

Bienvenue à Marly Gomont, de Kamini, sortie le 8 juin, 1 h 36

Ma Ma, de Julio Medem, sortie le 8 juin, 1 h 51

Roman :

Abraham et fils, de Martin Winckler, P.O.L., 576 pages, 22,9 euros

Télévision :

Les héritiers, Arte, tous les jeudi soirs de juin à 20h55

Aurélie Haroche

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