
Les molécules destinées à la prise en charge des troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ont fait la preuve de leur efficacité. Elles réduisent significativement l’impulsivité et l’hyperactivité des enfants atteints. L’une d’entre elles, le méthylphénidate, utilisée en première ligne, a toutefois été suspectée d’être à l’origine d’effets secondaires cardiovasculaires et notamment de mort subite. Les données disponibles jusqu’à présent sont contradictoires, mais des rapports de cas cliniques continuent d’être publiés et des élévations de la pression artérielle ont été signalées chez des enfants et adolescents sous traitement.
Une étude menée sur le mode d’analyse de séries de cas a été publiée récemment par le British Medical Journal. Ont été répertoriés 1 224 patients âgés de moins de 17 ans, chez qui a été prescrit le méthylphénidate et qui ont présenté un événement cardiovasculaire. Ils ont été comparés à des enfants n’ayant pas reçu de méthylphénidate.
Risque maximal en début de traitement
Le traitement est en effet associé à un risque d’arythmie, présent pendant toute la période d’exposition (rapport ajusté des taux d’incidence [IRR] 1,61 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 1,48 à 1,74), le risque le plus élevé se situant 1 à 3 jours après le début du traitement. Le risque d’hypertension quant à lui est présent, mais seulement entre le 4ème et le 7ème jour après l’initiation du traitement. Quant au risque d’infarctus du myocarde, il n’est pas significativement augmenté sur l’ensemble de la durée d’exposition, sauf au cours d’une fenêtre allant des premiers jours de traitement à 2 mois. Enfin, le traitement n’est pas associé à une augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral ischémique ni à celui d’insuffisance cardiaque. Les auteurs précisent que le risque d’arythmie est supérieur chez les enfants porteurs d’une cardiopathie congénitale (IRR 3,49 vs 1,34).
En France, la forte croissance des prescriptions de méthyphénidate depuis 2004 et son profil d’effets indésirables ont conduit à mettre en place des procédures de surveillance et de minimisation des risques. Une réévaluation de la balance bénéfice/risque a été entreprise par la Commission européenne en 2007, qui confirmait une balance bénéfice/risque positive, et décidait de la mise en place d’un plan de gestion des risques européen pour toutes les spécialités contenant du méthylphénidate. Ce plan repose sur une étude d’utilisation, des études sur la sécurité d’emploi du méthylphénidate à long terme et sur des mesures d’information des prescripteurs.
Dr Roseline Péluchon