L'existence de biomarqueurs est quasiment un prérequis de la pratique d'une médecine appelée aujourd'hui personnalisée ou de précision. La recherche de tels biomarqueurs est particulièrement développée dans le domaine de l'asthme dont les multiples phénotypes et endotypes ne simplifient pas la tâche des médecins en charge de ces patients qu'il s'agisse d'enfants ou d'adultes.
Deux travaux ont notamment été présentés à Vienne dans ce cadre.
L'un a été mené par une équipe britannique et permet de distinguer deux endotypes d'asthme de l'enfant (1). Les chercheurs ont en effet identifié une "signature allergique" (consistant en 11 allergènes particuliers) qui distingue les enfants souffrant de wheezing persistant difficile des enfants avec wheezing persistant contrôlé.
D'autres allergènes beaucoup plus courants ont également été retrouvés (acariens, arachide, animaux de compagnie) en cas de wheezing persistant difficile mais ils ne sont pas discriminants.
La possibilité d'identifier très tôt cette signature allergique (dès l'âge de 3 ans dans l'étude présentée) devrait permettre un repérage précoce de ces enfants et la mise en œuvre sans retard des moyens susceptibles de modifier un pronostic qui est à ce jour plutôt sombre.
Le deuxième travail vient d'Espagne et nous fait miroiter la possibilité d'une distinction claire entre sujets asthmatiques et sujets sains (2). Les chercheurs se sont intéressés au profil d'expression de microARN par les éosinophiles de 46 sujets adultes asthmatiques et de 10 volontaires sains, ce qui leur a permis de mettre en évidence des différences significatives d'expression pour 24 microARN. Une première vérification a validé 14 de ces microARN sur une autre population dont certains avaient déjà été mis en relation avec l'asthme, soit dans des modèles animaux, soit dans l'asthme infantile. Selon les investigateurs, cette "signature microARN" pourrait servir de biomarqueur de la pathologie asthmatique et déboucher sur de nouvelles approches thérapeutiques.
Dr Jean-Claude Lemaire
