Sans "éthiquette"

Paris, le samedi 2 juillet 2016 – Bien qu’ils aient pour thème principal des sujets intéressant l’éthique médicale, certains films se refusent à participer à des débats toujours vifs. Cela aurait pu être une œuvre sur l’avortement, sur les réticences très fortes nourries encore aujourd’hui par certaines familles conservatrices américaines. Cela aurait pu être une œuvre sur la contraception, la liberté des filles à disposer de leur corps. Mais la réalisatrice américaine Micah Magee n’a pas construit son film ainsi. Layla in the sky raconte bien le destin d’une jeune lycéenne brillante (Devon Keller), dont le parcours est interrompu par une grossesse non désirée. Mais la réalisatrice passe très vite sur le refus d’entendre parler d’IVG par ses parents, sur le contexte social, pour se concentrer plus certainement sur les évolutions intérieures de la jeune fille, sur son appréhension du monde, sur les instants qui font basculer ou pas une vie.

Glace

Cela aurait pu être une œuvre sur le danger d’être un cobaye, sur la façon dont la recherche scientifique peut broyer les identités personnelles en ne s’intéressant qu’à son but ultime. Mais c’est un conte à mi-chemin entre poésie et réalité où le monde froid des laboratoires d’expérimentation est bientôt remplacé par Le Secret des banquises. Ici, Christophine (Charlotte Le Bon) est prête à tout pour faire fondre le professeur Quignard (Guillaume Canet). Ce dernier est sur la piste d’une protéine présente dans le génome des pingouins qui pourrait bien permettre à l’homme de décrocher son rêve d’immortalité. Pour qu’il puisse développer ses expériences, Christophine accepte de jouer à son tour le rôle d’un animal du pôle afin d’attirer sur elle la chaleur du scientifique, donnant lieu à des images tantôt cocasses, tantôt féériques.

De glace

Cela aurait pu être une œuvre sur l’euthanasie, sur le droit de mourir dans la dignité. Et cela l’est. Et les polémiques ne se sont pas fait attendre. Si l’on était dans une trame classique de comédie romantique, la jeune Louisa (Emilia Clarke) parviendrait grâce à son charme à convaincre Will (Sam Claflin) de revenir sur son projet. Pourtant, bien que manifestement séduit par la jeune fille engagée par sa mère pour lui tenir compagnie, Will ne parvient pas à faire le deuil de sa vie avant l’accident qui l’a privé de l’usage de ses jambes.

Aussi, ne renonce-t-il pas à sa décision de contacter une association suisse pour mettre fin à ses jours. Inspiré en partie de l’histoire du rugbyman Daniel James qui à 23 ans mit fin à ses jours après avoir été victime d’une grave blessure médullaire et tiré du roman écrit par Jojo Moyes, le film de Thea Sharrock, Avant toi, a suscité au moment de sa sortie aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne une importante polémique. De nombreuses associations de personnes handicapées ont dénoncé cette vision du handicap, qui voudrait qu’il interdise toute possibilité d’être heureux et n’offre qu’une seule issue. Thea Sharrock et Jojo Moyes se sont défendues d’avoir voulu dispenser un tel message et ont souligné que le film était une ode au droit de choisir, en toutes circonstances.

Quelles que soient les étiquettes.

Aurélie Haroche


Cinéma :


Layla in the sky, de Micah Magee, sortie le 22 juin, 1h32

Le Secret des banquises, de Marie Madinier, sortie le 22 juin, 1h21

Avant toi, de Thea Sharrock, sortie le 22 juin, 1h50

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