Le Sida a fait 39 millions de morts depuis le début de l’épidémie et 37 millions de personnes vivent avec la maladie aujourd’hui. Depuis le début de l’épidémie au Sud du Cameroun, en passant par une incubation d’un demi-siècle dans la marmite tropicale de Kinshasa, puis une formidable dissémination intercontinentale, le virus du VIH semble encore devoir sévir de nombreuses années. L’OMS a néanmoins récemment annoncé son ambition d’éradiquer cette épidémie en 2030. Tous les outils nécessaires semblent en effet à disposition pour obtenir une réduction drastique du nombre de cas. L’extension du dépistage en est le 1er élément clé. Et ce dernier est à présent facilité par la multiplication des techniques rapides, mais auquel il est encore trop peu fait recours : on ne cesse de rappeler qu’il n’y a pas d’accès individuel au traitement si le dépistage n’est pas réalisé. Un des objectifs affichés par l’OMS est d’obtenir en 2020 un taux de dépistage de plus de 90 % des séropositifs.
Le traitement antirétroviral est 2ème élément clé de la disparition de l’épidémie du Sida, avec un 2ème objectif ambitieux que 90 % des séropositifs dépistés soient traités, et que 90 % d’entre eux présentent un succès thérapeutique. Il faudrait pour ce faire que les malades aient accès au traitement avant la survenue des premières complications de la maladie. Depuis une décennie, le concept de TaSP (« treatment as prevention »), qui vise à interrompre la chaîne de transmission, y compris par voie sexuelle, est considéré comme une stratégie efficace et a conduit en 2015 à de nouvelles recommandations proposant un traitement universel de tous les séropositifs, quel que soit leur statut clinique ou immunologique. De même, la bonne efficacité de certains traitements ou dispositifs antirétroviraux en prévention (PrEP, pour « Pre-exposion prophylaxis ») devrait permettre de poursuivre la réduction d’incidence de l’infection VIH que l’on observe depuis plusieurs années. Enfin, l’accès aux préservatifs et à la circoncision masculine complètent, à moindre coût, ces nouvelles stratégies.
Dr Muriel Macé
