
Sibérie, le mardi 2 août 2016 - Augmentation de la surface des zones désertiques, inondations à répétition, incendies gigantesques… A ces conséquences désormais bien connues du réchauffement climatique, une nouvelle menace vient de s’ajouter : la résurgence de maladies provoquées par des vecteurs restés en sommeil durant des dizaines d’années et qui réapparaissent tels des zombies libérés des entrailles de la Terre. Même si le tableau semble tout droit sorti d’un scénario hollywoodien, il n’en est pas moins devenu réalité pour les habitants de l’ouest sibérien, en Russie.
Le 1er août, Dimitri Kobilkine, le gouverneur de Iamali, ou district autonome de Iamalo-Nénétsie a annoncé la mort d’un enfant de 12 ans des suites de la maladie du charbon causée par la bactérie Bacillus anthracis, plus connue sous le non d’anthrax. Appartenant à une famille d’éleveurs de rennes, le garçon a contracté la maladie après avoir mangé de la viande infectée. Selon le quotidien russe en langue anglaise The Siberian Times, 8 autres personnes, dont 3 enfants, ont été également diagnostiquées positives à l’anthrax et hospitalisées d’urgence. Au total, ce sont 72 personnes qui ont été placées en observation à l’hôpital depuis la dernière semaine de juillet, date du début d’une épidémie sans précédent qui a vu plus près de 2 500 rennes mourir des suites de l’anthrax.
Des maladies mortelles du XVIIIe et du XIXe siècles pourraient réapparaitre
Bien que la majorité des prélèvements effectués sur les membres des familles de nomades éleveurs de rennes dans cette partie du cercle arctique se soient révélés négatifs, les autorités restent mobilisées et ont déclaré l’état d’urgence sanitaire dans la région. Plus de 4 500 rennes ont d’ores et déjà été vaccinés et l’objectif est d’immuniser le plus rapidement possible 41 000 animaux pour stopper cette anthropozoonose qui n’avait infecté personne dans la région depuis 1941.
Si les scientifiques ont d’abord expliqué que la cause de cette résurgence de l’anthrax était certainement due aux températures exceptionnellement chaudes qui ont fait fondre la couche de terre gelée propre à cette région, le permafrost, et ressortir un cadavre de rennes infecté 75 ans plus tôt, une autre théorie évoque un vieux cimetière situé à 40 kilomètres du centre épidémique. Contrairement à d’autres, le peuple autochtone des Nénètses n’enterre pas ses morts sous terre. Les corps sont placés dans des cercueils en bois et ces derniers reposent à l’air libre dans le cimetière.
D’après le bureau du gouverneur, certains chercheurs pensent que la vague de chaleur sans précédent qui s’est prolongée dans cette région pourrait être à l’origine de la libération des spores d’anthrax depuis un corps humain reposant dans ce cimetière. Des scientifiques russes avertissent que le dégel du permafrost pourrait avoir comme conséquence le retour d’infections mortelles disparues depuis le XVIIIe et XIXe siècle, particulièrement aux alentours de sites funéraires identiques à celui qui est actuellement suspecté.
Benoît Thelliez