
Certains travaux ont attiré l’attention sur une augmentation du risque de fracture associée à la chirurgie bariatrique. Peu de données précises sont pour le moment disponibles. Le sujet est pourtant d’importance, si l’on considère que, dans de nombreux pays, le recours à la chirurgie bariatrique est en augmentation notable.
Une équipe québécoise a entrepris une étude rétrospective comparant l’incidence des fractures chez plus de 12 000 patients ayant eu recours à une intervention de chirurgie bariatrique à celle de 38 000 personnes obèses non opérés et 125 000 témoins non-obèses. Les auteurs ont comparé aussi les sites des fractures dans ces différents groupes.
S’il est reconnu que les personnes obèses ont un risque accru de
fracture, cela semble encore plus vrai pour les patients en grande
obésité, comme le suggère la comparaison de l’incidence des
fractures avant les interventions : 10,5 % dans le groupe des
patients en attente de chirurgie, 8,1 % dans le groupe des
personnes obèses et 6,6 % chez les non-obèses.
Dans un délai moyen de 4,4 ans après l’intervention, l’incidence
reste supérieure chez les patients qui ont bénéficié d’une
chirurgie bariatrique : 4,1 % vs 2,7 % et 2,4 % respectivement.
Après ajustement pour des antécédents de fractures, les
comorbidités et les facteurs socio-démographiques, le risque reste
significativement supérieur dans le groupe chirurgie bariatrique en
comparaison avec les obèses (RR [risque relatif] = 1,38 ;
intervalle de confaince à 95 % de 1,23 à 1,55) et les non-obèses
(1,44 ; 1,29 à 1,59).
Les auteurs ont voulu savoir si les sites des fractures étaient
différents en fonction de la situation considérée. Il apparaît en
effet qu’avant l’intervention, les sites de fractures sont les
mêmes que chez les patients obèses (plutôt des fractures distales
des membres inférieurs et moins de fractures des membres
supérieurs), alors qu’après l’intervention, les sites fracturaires
deviennent typiquement ceux qui sont constatés dans l’ostéoporose
(membres supérieurs, rachis, col du fémur, bassin).
Notons que l’association entre la chirurgie bariatrique et le
risque de fracture n’est toutefois clairement établie dans cette
étude qu’avec les interventions de dérivation bilio-pancréatique.
Les résultats demeurent incertains avec le by-pass gastrique et la
sleeve gastrectomie. Il n’en demeure pas moins que cette étude
indique que la prévention du risque fracturaire doit faire
systématiquement partie de la prise en charge et du suivi des
candidats à la chirurgie bariatrique.
Dr Roseline Péluchon