
PACA, le lundi 15 août 2016 - Le débat national sur la vaccination va pouvoir se nourrir de l’étude qui vient d’être publiée dans le BEH* du 26 juillet. Ce débat a pour but notamment de trouver des solutions à l’insuffisance de couverture vaccinale française qui diminue de fait l’immunité de groupe et augmente les risques de survenue de maladies sporadiques ou épidémiques évitables par la vaccination.
Parmi les questions posées, une est vraiment de taille : faut-il ou non supprimer l’obligation vaccinale ? La coexistence dans le calendrier français de vaccins obligatoires et recommandés prête à croire que ces derniers sont moins « importants », ce qui est dommageable pour la santé publique. On a vu cette année comme cette coexistence au sein d’un même vaccin (l’hexavalent) peut provoquer de difficultés… Mais si tous sont seulement recommandés, n’y a-t-il pas un risque plus grand encore ?
Instaurée en France en 1902 pour la variole, avec le succès que l’on sait, puis étendue (dans l’ordre chronologique) à la diphtérie, au tétanos, à la tuberculose, à la poliomyélite et à la fièvre jaune en Guyane, l’obligation vaccinale a été souvent débattue.
Inquiétudes
La vaccination est en effet régulièrement victime de son succès : la disparition des maladies redoutées engendre un phénomène inverse, la crainte du vaccin, qui remplace celle des infections car le public ne les connait plus. C’est ce qui se passe actuellement en France.
Parmi les 440 médecins généralistes (MG) de la région PACA qui ont répondu à l’enquête publiée dans le BEH, 92 % se sont dits favorables au maintien de l’obligation vaccinale, un quart d’entre eux souhaitant même qu’elle soit élargie (coqueluche, HIB, ROR). Une obligation qui leur tiendrait lieu de soutien face à la part non négligeable de parents défavorables à la vaccination en général, ou à certains vaccins, et beaucoup expriment en effet la difficulté d’expliquer et convaincre en ce domaine. Mais sont-ils eux-mêmes convaincus ? 40 % estiment les vaccins recommandés moins prioritaires que les obligatoires. Exprimant leur inquiétude devant cette forte proportion, les auteurs déplorent un manque de formation.
On aimerait connaître l’âge de ces médecins : peut-être n’ont-ils pas connu ces maladies pour lesquelles le vaccin n’est « que » recommandé ?
Dr Blandine Esquerre