
Le taux de survie après un arrêt cardiaque (AC) est faible et
dépend du lieu où il s’est produit. En raison de l’hypoxie-ischémie
cérébrale, les survivants sont à exposés à un risque d’handicaps
physiques et neuropsychologiques. Mais ils sont aussi susceptibles
de souffrir de séquelles émotionnelles et comportementales. C’est
ce que montre une étude conduite dans l’Unité de Soins Intensifs
(USI) de l’hôpital universitaire pédiatrique de Rotterdam qui «
dessert » 4,2 millions d’habitants.
Tous les dossiers des patients, âgés de 0 à 18 ans ayant survécu à
un arrêt cardiaque (AC) entre 2002 et 2011 ont été revus. L’AC
était défini par l’absence de pulsations constatée ou la nécessité
d’un massage cardiaque. Les endroits où s’était produit l’AC
pouvait être l’un des services de l’hôpital, un autre hôpital avec
un transfert dans l’USI après rétablissement d’une circulation
spontanée et un milieu extrahospitalier avec admission secondaire
dans l’USI. Parents et enfants (si ≥ 12 ans) ont été contactés 2 à
11 ans après. Des questionnaires ont été remplis par les parents,
et les enfants séparément s’ils avaient l’âge requis, ainsi que les
enseignants. Les problèmes émotionnels et de comportement ont été
évalués par des échelles standard adaptées à l’âge (Child
Behavior Checklist [CBCL], Teacher’s Report Form
[TRF], Youth Self Report [YSR]).
Déficit de l’attention et plaintes somatiques
Parmi les 107 survivants d’AC, 52 patients, parents et/ou
enseignants, ont rempli les questionnaires en ligne. Par
comparaison aux « normes », parents et enseignants ont rapporté
plus de problèmes d’attention à tous les âges et en particulier
chez les enfants de 1,5-5 ans. Les problèmes de somatisation
étaient notables entre 6 et 18 ans (p = 0,003) en même temps que
les déficits d’attention (p = 0,015). De 11 à 18 ans, les troubles
de socialisation prévalaient. Sur les 52 patients, 14 (28 %)
avaient des scores dans la « fourchette psychopathologique » selon
les réponses des parents pour les âges de 1,5 à 18 ans (p <
0,001). Les scores les plus péjoratifs pour les troubles
psychologiques, les relations sociales et les échelles d’attention
étaient significativement plus fréquemment observés chez les
garçons, chez les plus âgés et en cas de besoin d’assistance dans
la vie quotidienne.
Beaucoup de travaux ont été consacrés aux problèmes psychologiques
et émotionnels liés aux affections graves chez l’enfant mais il
s’agit de la première étude abordant sur une large série les
conséquences psychologiques à long terme d’un arrêt cardiaque. Elle
montre celles-ci sont importantes, surtout en terme de déficit de
l’attention et de plaintes somatiques.
Pr Jean-Jacques Baudon