
JAMA Psychiatry publie deux nouvelles études longitudinales (l’une réalisée au Brésil, et l’autre au Royaume-Uni) venant bousculer notre compréhension classique du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Selon ces études, « non seulement le TDAH peut survenir aussi à l’âge adulte », mais il semble que le TDAH débutant dans l’enfance représente en fait une entité nosographique « distincte du TDAH débutant à l’âge adulte. »
Pas nécessairement le prolongement d’un TDAH pédiatrique
L’étude brésilienne (de Arthur Caye & coll.) ne « confirme pas l’hypothèse que le TDAH à l’âge adulte constitue nécessairement un prolongement de celui observé dans l’enfance. » Les résultats de cette étude suggèrent plutôt que ces deux formes cliniques de TDAH « ont des trajectoires évolutives différentes. » Et l’étude britannique précise « l’hétérogénéité » des populations avec TDAH à l’âge adulte : il existe « un grand groupe pour lequel l’apparition du TDAH est tardive, sans diagnostic dans l’enfance », et un autre groupe « plus restreint où il s’agit d’un TDAH persistant » depuis l’enfance. Les auteurs de cette seconde étude estiment que ces faits peuvent « refléter des mécanismes étiologiques différents », une situation présentant « des implications pour les études génétiques du TDAH et pour son traitement. »
Revoir les critères diagnostiques ?
Pour l’éditorialiste de JAMA Psychiatry, la connaissance de ces nouveaux constats s’apparente à un « appel aux armes » pour l’étude approfondie du TDAH à l’âge adulte. En particulier, des recherches ultérieures devront déterminer s’il faut désormais « incorporer (et comment) l’âge d’apparition de ce trouble dans les futurs critères diagnostiques », et « clarifier la manière dont il émerge de symptômes subliminaux et d’autres anomalies du développement neurologique dans l’enfance. » On peut en effet remettre en question la validité de l’actuel critère d’apparition du TDAH, « bien qu’il soit basé sur les meilleures données disponibles. »
Dr Alain Cohen