
L'introduction de thérapies anti rétrovirales actives pour les malades atteints du SIDA a grandement amélioré le pronostic de ces derniers. L’allongement de l’espérance de vie a pour conséquence la possibilité d’apparition de maladies chroniques. En particulier, on soupçonnait une augmentation de la prévalence des pathologies auto-immunes dans cette population mais il n'existait jusqu’ici aucune large étude de cohorte établissant ce fait.
Une équipe taïwanaise a donc constitué une cohorte à partir de leur registre national d'assurance maladie, comprenant 20 444 sujets de plus de 15 ans (âge moyen 30 ± 11 ans) chez lesquels un diagnostic d'infection à VIH avait été posé entre janvier 2000 et décembre 2012. Leur évolution a été examinée jusqu'à un éventuel diagnostic de maladie auto-immune, le décès ou la fin du suivi.
Le groupe contrôle est constitué de deux millions de sujets non infectés par le VIH, également issus du registre national d'assurance maladie taïwanais.
Parmi les malades, 67,2 % reçoivent un anti rétroviral. Comparé à la population générale, le ratio d’incidence standardisé (SIR) est plus élevé chez les patients VIH + (traités ou non par anti retroviral) pour le syndrome de Sjögren (SS ; SIR = 1,64, intervalle de confiance à 95 % [ IC95 %] 1,24-2,13), pour le psoriasis (SIR = 2,05, IC95 % 1,67-2,48), le lupus systémique (LED ; SIR = 2,59, IC95 % 1,53-4,09), les anémies hémolytiques auto-immunes (AHAI ; SIR = 35,06, IC95 % 23,1-51,02) et les uvéites (SIR=2,50, IC95 % 2,05-3,02). Par contre, le SIR est plus faible pour la spondylarthrite ankylosante (SPA ; SIR = 0,70, IC95 % 0,48-0,99).
Quand les effets du traitement anti rétroviral sont pris en compte, c'est à dire en comparant uniquement les sujets traités au groupe contrôle, le SIR reste élevé pour les malades, pour le psoriasis, les AHAI et l'uvéite mais est bas pour la polyarthrite rhumatoïde (PR) et la SPA.
A contrario, les patients ne recevant pas de traitement avaient un SIR élevé pour le SS, le psoriasis, la PR, le LED, la sclérodermie, la polymyosite, les AHAI et la thyroïdite d'Hashimoto.
Ces résultats confirment le lien suspecté entre infection par VIH et maladies auto-immunes.
Les auteurs estiment que, la population des malades vieillissant, les cliniciens doivent être alertés du risque accru de pathologie auto-immune dans cette population.
Dr Juliette Lasoudris Laloux