
Paris, le lundi 24 octobre 2016 – Les enquêtes se suivent et dressent chaque fois un bilan plus accablant de l’érosion de la confiance des Français dans les vaccins. Dernière en date, les résultats de l’Observatoire sociétal du médicament, étude de l’IPSOS menée chaque année pour le syndicat de l’industrie pharmaceutique (LEEM) révèlent un taux de confiance dans les vaccins qui n’a jamais été aussi bas depuis sa première édition. Ne dépassant pas les 69 %, elle baisse de deux points par rapport à l’année dernière, quand elle atteignait encore 77 % en 2013. Mais au-delà de ce thermomètre général, les questions plus détaillées sont plus alarmantes encore. On constate en effet que seule une courte majorité de personnes interrogées, soit 52 %, considèrent que les vaccins présentent plus de bénéfices que de risques. Cette proportion descend à 43 % chez les 25/34 ans, ce qui confirme quand on sait combien les réseaux sociaux constituent pour cette génération la principale source d’information, l’influence néfaste d’internet dans ce domaine. Les plus âgés connaissent a contrario une confiance plus marquée : pour 63 % des 55/59 ans, les bénéfices dépassent les risques.
Un climat généralisé de suspicion
Cette défiance ne s’inscrit pas nécessairement dans un rejet
généralisé des produits pharmaceutiques. Si les scandales, vérifiés
ou non, concernant les produits de santé ont pu aussi bien viser
les vaccins que les médicaments ces dernières années, 84 % des
Français continuent à faire confiance à ces derniers (en baisse
d’un point).
Sans doute cette différence tient-elle au caractère préventif du
vaccin qui impose un caractère plus irréprochable encore que pour
un produit à visée thérapeutique.
L’ensemble des résultats confirment l’installation d’un climat de suspicion et l’intérêt croissant du public pour des formes alternatives de médecine et d’information. Ainsi, les médicaments homéopathiques et les lanceurs d’alerte connaissent une aura sans cesse grandissante.
Une urgence sanitaire
Les résultats de cette enquête doivent inciter une nouvelle fois à s’interroger sur les fondements de cette défiance qui s’accroit et qui est si marquée en France. Sans doute, la concertation lancée par le gouvernement au début de l’année sera-t-elle insuffisante pour apporter des réponses urgentes à ce malaise dangereux.
Aurélie Haroche